Auerstaedt – Les rapports
Rapports
Barbanègre
Friant à Davout
Grandeau
Gudin
Vergez
Barbanègre
(Joseph Barbanègre (1772 – 1830). Il commande le régiment depuis le 29 août1805. Il se couvrira de gloire à Krasnoe, en 1812.)
RAPPORT DU COLONEL BARBANÈGRE, COMMANDANT LE 48e, SUR L’AFFAIRE DU 14
(Le 48e, qui n’a ici que deux bataillons, fait partie de la brigade Kister, de la division Friant.)
Le régiment manoeuvra en ligne pendant toute la matinée avec la division. Vers midi se trouvant seul près de l’artillerie, M. le maréchal ordonna de la protéger en continuant la marche dans la même direction qu’on avait suivie.
Cette direction jeta le régiment dans les forêts sur les hauteurs de la droite de l’armée. Il les traversa, n’ayant vu dans cette partie que quelques éclaireurs à cheval de l’ennemi dont 3 heures furent pris.
Vers une heure se trouvant en plaine et derrière les hauteurs, le colonel n’ayant pas reçu d’instructions et voyant qu’en continuant la même marche il s’éloignait de plus en plus du champ de bataille, il fit faire halte et se disposait à envoyer demander des ordres lorsqu’un aide de camp du général de division vint le prévenir de rétrograder vers le point d’où il était parti. Le colonel s’attendait au contraire à devoir se porter sur les derrières pour couper la retraite à l’ennemi. La position du régiment était alors en effet favorable pour faire promptement ce mouvement sans être aperçu en se portant vers cette position. Le colonel était tellement persuadé que c’était le projet du général de division qu’il avait pris des précautions pour exécuter avec succès. Cependant à 3 heures le régiment rentra dans la ligne de la division.
Le général donna l’ordre d’envoyer le 1er bataillon attaquer l’ennemi par son flanc gauche et de le soutenir avec le 2e. Le régiment se mit en marche ; en traversant la plaine il essuya plusieurs charges à mitraille qui lui mirent 22 hommes hors de combat dont un capitaine de grenadiers. Parvenu au point d’attaque, le chef de bataillon lança vivement sa troupe vers l’ennemi fort de 4 régiments en bataille soutenus par 8 pièces d’artillerie jouant à mitraille à demi-portée de fusil. L’ennemi était placé derrière des amas de pierres qui formaient une espèce de retranchement sur la crête d’une côte très-élevée ce qui rendait sa position encore plus forte. La troupe n’en fut pas intimidée et ne consultant que son courage elle attaqua hardiment. Le 2e bataillon suivit de près le 1er et se joignit bientôt à lui.
L’ennemi était au même instant chargé sur son front par la 3e division (Gudin), et la 2e (Friant) arrivait sur la hauteur par derrière pour lui couper la retraite ; le feu de l’ennemi était bien nourri ; son artillerie faisait beaucoup de mal ; chacun sentit la nécessité de s’emparer des pièces. Aussitôt le régiment fut dirigé sur la batterie. Il y courut sans faire feu à travers une grêle de balles et de mitraille. L’ennemi ne tint plus, pris la fuite précipitamment et fut poursuivi jusqu’au soir par toute la division. Le régiment a pris dans cette attaque 2 pièces de canon, un colonel et un lieutenant-colonel pris les armes à la main. Il a perdu 84 hommes tant tués que blessés, dont 4 officiers.
LE GÉNÉRAL FRIANT AU MARECHAL DAVOUT
Freyburg, 17 octobre 1806
J’ai l’honneur de vous rendre compte de la part que la division à mes ordres a eue à la journée du 14 où vous et votre corps d’armée ont donné tant de preuve de valeur et d’intrépidités en combattant l’élite de l’armée prussienne deux fois plus nombreuse que vos troupes.
D’après vos ordres, la division quitta le 14 octobre à 5 heures du matin les bivouacs qu’elle occupait en arrière de Naumburg. Votre corps d’armée marchant la gauche en tête, je suivis, sans intervalle, les mouvements de la 3e division (Gudin) qui se dirigeait sur Kösen. Arrivé à 8 heures sur le plateau à une demi-lieue en avant du village de Neu-Kösen, je me formai suivant votre intention en colonne serrée par bataillon, ma gauche appuyée à la grande route à la distance de 300 à 400 toises. On marcha dans cet ordre et on arriva à la hauteur de la droite de la division Gudin qui était déjà aux mains.
Le 111e régiment (commandé par le colonel Gay) (brigade du général Grandeau (Louis-Joseph Grandeau – 1761-1832) appuyait sa gauche à la 3e division et il continuait de sang-froid sa marche sous un feu des plus meurtriers. Il commença l’action en défendant avec vigueur le village de Hassenhausen dont l’ennemi voulait s’emparer ; il s’avança au pas de course sur une batterie dont il essuya 6 décharges à mitraille qui, dans quelques minutes, lui mirent hors de combat 18 officiers et 250 hommes environ, ce qui causa un instant de désordre parmi le soldat, désordre qui bientôt fut réparé.
Vous donnâtes au 2e bataillon du 108e (commandé par le colonel Higonet qui va être tué durant la bataille)l’ordre de s’emparer de 6 pièces de canon : attaquer l’ennemi, le mettre en déroute et forcer la position fut l’affaire d’un moment ; le 1er bataillon fut employé à chasser les Prussiens du village de Spielberg et s’en empara.
Durant ce temps, les 48e (colonel Barbanègre) et le33e (chef de bataillon Cartier – brigade du général Kister ) se portèrent plus à droite en laissant à leur gauche le susdit village et ceux de Zeckwar et Bindorf ; en faisant faire ce mouvement j’avais pour but d’inquiéter l’ennemi sur ce point.
Des vedettes et tirailleurs ennemis me donnant des inquiétudes sur ma droite, je détachai 4 compagnies de voltigeurs pour l’éclairer et fouiller les bois. J’en donnai le commandement au capitaine du génie Ménissier ; il se porta jusqu’à la hauteur de Marienthal chassant toujours devant lui un gros corps de cavalerie qui le crut protégé par d’autres troupes masquées dans les bois.
L’artillerie, divisée en 3 batteries, la première de 2 pièces de 8 servie par l’artillerie légère,l a deuxième de 2 pièces de 4 et la dernière de trois pièces de 8 et 1 obusier servies par l’artillerie à pied, a suivi tous les mouvements de l’ennemi et occupé successivement les positions qu’il était obligé d’abandonner.
Ces pièces, peu nombreuses comparées à celle des Prussiens, furent dirigées avec beaucoup de sang-froid et d’intelligence.
L’ennemi ayant porté beaucoup de forces sur ma gauche et craignant qu’il ne parvint à l’enfoncer, je donnai l’ordre au 33e de s’avancer pour la soutenir en passant par Bindorf : à peine arrivé et déployé l’équilibre se rétablit et l’ennemi ne put résister à sa vigoureuse attaque.
J’ordonnai ensuite au 108e (brigade du général Lochet (Pierre-Charles Lochet 1767 – 1807. Sera tué à Eylau d’une balle en plein front.) d’enlever á la baïonnette le village de Poppel, afin de prendre à dos l’aile gauche de l’ennemi. Le Régiment du Roi qui s’y trouvait fut tué ou pris. Un drapeau, 3 pièces de canon et un grand nombre de prisonniers sont le résultat de cette attaque vive et bien dirigée. Le succès avait entièrement couronné l’entreprise du 108e et il ne lui eut rien resté à désirer si la mort en frappant le brave colonel Higonet ne lui eut fait éprouver une perte irréparable.
Le 48e qui pendant toute la matinée avait manœuvré avec la division, fut ensuite employé á occuper la gauche de l’ennemi et à l’empêcher de nous tourner. Je détachais en tirailleurs le 1er bataillon ; le 2e le suivait en colonne serrée pour le soutenir. L’ennemi très-nombreux et soutenu par plusieurs pièces d’artillerie jouant à la mitraille, ne tint pas longtemps contre l’attaque de ce bataillon auquel le second ne tarda pas á se réunir. 2 pièces de canon, des prisonniers parmi lesquels un colonel et un lieutenant-colonel, furent le résultat de cette attaque.
Les autres régiments, qui jusqu’alors avaient combattu dans les environs de Poppel et étaient parvenus à culbuter l’ennemi, marchèrent en avant en colonne serrée en laissant Auerstaedt sur leur gauche et appuyant leur droite au village de Lisdorf. Le 33e, qui formait cette droite, eut à souffrir du boulet et de la mitraille et perdit plusieurs braves, entre autre le chef de bataillon Cartier, commandant le régiment.
Je me mis à la tête de ce régiment et marchai laissant à Lisdorf à ma gauche. Je voulais couper la retraite à l’ennemi. Ce mouvement et celui du 48e l’inquiétèrent beaucoup et ne contribuèrent pas peu au succès de l’attaque du bois en arrière d’Eckartsberg par les 108e et 111e et par d’autres troupes qui enlevèrent les batteries prussiennes et firent nombre de prisonniers.
L’ennemi fut culbuté et poursuivi jusqu’au-delà d’Eckartsberg. C’est ainsi que se termina cette mémorable dans laquelle la division donna une nouvelle preuve de bravoure, de courage et de dévouement à son auguste Empereur…
(in Foucart – Campagne de Prusse)
Grandeau
RAPPORT DU GÉNÉRAL DE BRIGADE GRANDEAU[1] COMMANDANT LE 111e RÉGIMENT À L’AFFAIRE DU 14
Louis-Joseph Grandeau (1761 – 1832). Il est à la tête de la 2e brigade de la division Friant, où ne se trouve le 14 qu’un seul régiment, le 111e, dont le commandant est le colonel Gay.
Nierderholzhausen, 15 octobre 1806
En arrivant sur l’ennemi, je reçus l’ordre de former le 111e régiment en carré par bataillon. Il marcha ainsi quelques instants : il se forma en colonne d’attaque, continua sa marche jusqu’à la hauteur de la 3e division (division Gudin) aux mouvements de laquelle il devait se conformer. Le boulet et la mitraille faisant trop de ravages dans les rangs, il fut obliger de se déployer ; il donna lui-même cet ordre au colonel du régiment qui se trouvait au 1er bataillon. Dans cet ordre, les bataillons continuèrent leur marche sous un feu des plus meurtriers. La 3e division forcée de faire un mouvement rétrograde, le village d’Hassenhausen menacé alors d’être enlevé par l’ennemi, le 2e bataillon reçut l’ordre d’en défendre l’entrée, ce qu’il fit avec infiniment de vigueur et de courage. Ce bataillon ayant éprouvé un feu de mousqueterie et de mitraille des plus vifs eut un moment de désordre, mais la bravoure et le sang-froid du chef de bataillon Guigue (Il sera nommé adjudant-commandant après la bataille) qui le commandait, secondé par ses braves officiers, parvint bientôt à le rallier, et continua sa marche en se réglant toujours sur la 3e division ainsi que j’en avais l’ordre. Je me suis porté deux fois sur le plateau de gauche pour y connaître les mouvements de l’ennemi et me régler sur ceux que faisaient les troupes de la 1e divison qui étaient entrées en ligne.
Je revins au 2e bataillon qui continuait toujours de faire des pertes conséquentes ; j’ordonnai au chef de ce bataillon de continuer de marcher en bataille sur le deuxième village où il contribua à la prise de beaucoup de prisonniers.
Ensuite des ordres de M. le maréchal Davout, les 2 bataillons quoique très affaiblis réunis à d’autres bataillons de la 3e division chargèrent l’ennemi sur la dernière hauteur couronnée par des bois, défendue par 6 pièces de canon qui faisaient un feu continuel de mitraille ; la fusillade de l’ennemi, quoique très vive, n’a pas empêchée le 111e régiment de continuer sa marche, de s’emparer du bois à la baïonnette, où étant entré il a répondu au feu de l’ennemi par une fusillade vigoureuse et parvint enfin à enlever la position et l’artillerie qui la défendait.
Il est impossible de montrer plus de sang froid et de bravoure que le colonel Gay, partout où je l’ai vu. J’en ai eu des preuves convaincantes, entre autres en le voyant rallier son régiment dans lequel s’était mis un peu de désordre occasionné par 700 ou 800 conscrits qui se trouvaient au feu pour la première fois (Effectif le 5 octobre, 2346; soit environ un tiers de jeunes soldats – Note de Foucart)
Les grenadiers ont prouvé partout qu’ils étaient dignes de l’être.
(in Foucart – Campagne de Prusse)
Gudin à Davout
LE GÉNÉRAL GUDIN[1] AU MARÉCHAL DAVOUT.
Naumburg, 17 octobre 1806
J’ai J’honneur de vous rendre compte que, conformément à vos ordres, ma division est partie le 14 octobre à quatre heures du matin de sa position de Neufleming pour passer la Saale au pont de Kösen; à six heures, la tête de la division a traversé le défilé, le 25e régiment d’infanterie de ligne, commandé par le colonel Cassagne[2], s’est formé en colonne à droite de la chaussée d’Erfurt, tandis que le 85e[3] arrivait sur la gauche, le 21e régiment d’infanterie de ligne[4] suivant le mouvement du 85e, et le 12e celui du 20e.
Arrivé à la hauteur du village d’Hassenhausen, la découverte du 1er régiment de chasseurs rencontra l’ennemi et vint se rallier au 25e régiment. Le général Gauthier [5]fit alors former le carré à ce régiment, et à peine cette manœuvre était terminée qu’une batterie de 6 pièces ennemies placées en avant du village commença un feu très-vif, et qui nous aurait infiniment fait souffrir si le général Gauthier ne l’avait fait enlever par deux compagnies de grenadiers et de voltigeurs, sous la direction de son aide de camp le capitaine Lagoublaye; cette charge fut en même temps appuyée par un détachement du 1er régiment de chasseurs commandé par le capitaine Hullot et par le feu de notre batterie établie aux flancs du 25e.
Nous nous sommes alors portés à tête du village d’Hassenhausen; l’ennemi voulant profiter de l’isolement dans lequel se trouvait le 25e, ce corps eut à résister à une charge de cavalerie soutenue par une batterie pareille à celle que nous venions d’enlever, mais il la repoussa avec la plus grande rigueur. Le 25e avançait pendant ce temps sur la gauche.
L’effort que faisait l’ennemi sur ma droite me détermina à y faire passer le 21e régiment de ligne, et à peine ce régiment fut-il arrivé qu’il fut chargé vigoureusement par la cavalerie; mais le feu de ce régiment obligea l’ennemi à une prompte retraite.
Le 12e régiment arrivait alors en arrière du 21e régiment; la cavalerie prussienne voulut encore essayer une charge, mais le peu de succès qu’elle avait eu aux précédentes et la contenance du régiment l’en empêchèrent.
Le 85e régiment pendant ces évènements était sur la gauche, marchant sous la conduite de son brave colonel Viala.
L’ennemi, voyant que la majorité de nos forces étaient portées sur la droite, où j’avais réuni presque toute mon artillerie, se prolongea sur la sienne et dirigea les attaques contre le 85e, qui eut alors à combattre infanterie, cavalerie et artillerie.
Ce régiment repoussa plusieurs des charges dirigées contre, mais il eût infailliblement succombé si le 12e régiment, commandé par le colonel Vergez[6], ne se fut porté promptement à son secours. Ce dernier était à peine sur le terrain qu’il fut assailli par toutes les forces que l’ennemi avait sur ce point, et sans l’extrême bravoure qu’il a déployée, la division, tournée complètement sur sa gauche, courait les plus grands dangers. Pendant que le 12e régiment se portait à la gauche et en arrière du village d’Hassenhausen, le 21e régiment, sous les ordres du colonel Dufour, s’y établissait en avant, occupant le village par son centre.
La résistance des régiments de la division contre des forces aussi supérieures ayant donné le temps á la 1e division d’arriver à notre secours, le combat redevint offensifs et les efforts que nous avions faits pour la conservation du village d’Hassenhausen furent couronnés du plus grand succès ; car l’ennemi fut obligé de nous abandonner toute l’artillerie qu’il nous avait laissée sur ce point.
Le corps d’armée étant en ligne, la division marcha sur le village de Tauchwitz[7], poursuivant l’ennemi devant elle, et ce village fut enlevé avec la plus grande énergie ; une compagnie de sapeurs entre autres y entra à la baïonnette, culbuta tout ce qui se trouvait devant elle et fit un bon nombre de prisonniers; un petit détachement du 1er régiment de chasseurs, conduit par M. le capitaine Decouz, chargea aussi très à propos et avec succès.
Nous nous portâmes ensuite sur le village de Popel, qui fut enlevé aussi avec la même facilité, et la division vint se former d’après vos ordres sur le rideau qui domine les villages d’Auerstaedt et de Reisdorf.
Pendant que nous exécutions ce mouvement, le général Petit, ayant avec lui 400 hommes des 12e et 21e régiments, contribua puissamment à l’enlèvement du plateau d’Eckartsberg, qui fut le dernier exploit de la journée et où le reste de l’artillerie, que l’ennemi avait mit en batterie contre nous, fut enlevé.
Je ne saurais, Monsieur le Maréchal, vous faire trop d’éloges de la conduite de MM. les officiers des corps de ma division; tous ont montré qu’ils étaient dignes de faire partie de la grande armée et du général en chef auquel notre auguste souverain en a confié la direction.
J’ai à vous citer particu1ièrement le général Petit, qui a été blessé, a eu un cheval tué et un autre percé de trois balles; le général Gauthier, qui a eu aussi un cheval tué sous lui et qui a été blessé lui-même ;
L’adjudant commandant Delotz, chef d’état-major de la division, officier du plus grand mérite, qui a eu la cuisse traversée d’un biscaïen;
Le colonel Viala, qui a reçu un biscaïen dans les reins et a eu un cheval tué [8];
Le colonel Cassagne, blessé légèrement[9], et dont le cheval a été emporté d’un boulet de canon;
Le chef de bataillon Groguot, officier très distingué, qui a eu la cuisse emportée par un boulet et son cheval tué sous lui ;
Le chef de bataillon Husson[10], 1ui a pris le commandement en remplacement du brave colonel Viala;
Les chefs de bataillon Vaugrigneuse, du 21e ; Saint-Faust, qui a eu un cheval tué, et Lavallée, du 25e ; ce dernier a été blessé trois fois, sans vouloir quitter le champ de bataille.
J’ai aussi beaucoup à me louer des officiers d’état-major :
Le chef de bataillon Gudin[11]; le lieutenant de Creutzer[12], atteint d’une balle légèrement au bras droit sans contusion et plusieurs dans ses habits; le chef d’escadron Cabrol; mes trois aides de camp, les capitaines adjoints Ferraris et Massot, et le capitaine du génie Sirès; le capitaine Lagoublaye, aide de camp du général Gauthier, qui a eu le genou fracassé; le lieutenant Frossart, aussi aide de camp du général Gauthier, qui a eu un cheval tué, et le lieutenant Guyot, aide de camp du général Petit, qui a eu un cheval tué sous lui.
Je dois aussi des éloges à l’artillerie, et particulièrement au chef d’escadron Pelegrin, qui la commandait.
Il m’est impossible de vous désigner tous les braves qui se sont distingués dans cette journée mémorable ; mais je recommande particulièrement à vos bontés tous ceux que je viens de désigner. Je joins aussi les rapports qui m’ont été adressés par MM. Les généraux et colonels et où plusieurs d’entre eux se trouvent désignés.
La perte de l’ennemi a été énorme en tués et blessés; nous lui avons fait 1.200 prisonniers, et la division peut compter avoir pris 25 pièces de canon et un drapeau.
J’ai aussi considérablement souffert et d’après les états qui m’ont été fournis notre perte dépasse 3.500 hommes, parmi lesquels se trouvent 125 officiers.
Gudin.
[1] Effectif le 5 octobre, 2346; soit environ un tiers de jeunes soldats (Note de Foucart)
[2] Louis-Victorin Cassagne (1774 – 1841). Il sera fait général de brigade en 1807, puis sera envoyé en Espagne, étant fait prisonnier à Baylen.
[3] Commandé par le colonel Sébastien Viala (1763 – 1849)
[4] Commandé par le colonel Pierre Decouz (1775 – 1814)
[5] Nicolas Gauthier (1774 – 1809). Sera tué à Wagram.
[6] Il sera nommé général le 23 octobre.
[7] Aujourd’hui Taugwitz
[8] Il fut un moment laissé pour mort sur le champ de bataille
[9] D’une balle au front
[10] Pierre-Antoine Husson (1769 – 1833)
[11] Gudin des Bardelières, frère de Gudin,
[12] Il sera nommé capitaine en 1807, général en 1813
Vergez
RAPPORT DU COLONEL VERGES[1] , COMMANDANT LE 12e RÉGIMENT, SUR LA BATAILLE DU 14 OCTOBRE
Le 12e régiment s’étant porté en colonne à la droite du village de Hassenhausen se forma en bataillon carré pour résister à une charge de cavalerie que l’ennemi se disposait à faire, mais qu’il n’osa entreprendre vu sa bonne disposition; ensuite il se reforma en colonne pour se porter sur la gauche du même village où il prit les mêmes dispositions afin de résister à une autre charge que la cavalerie se disposait à faire; en même temps il fut attaqué par plusieurs régiments d’infanterie et par une batterie de 7 pièces d’artillerie et soutint avec courage pendant une heure le feu meurtrier de ces différentes armes qui lui tuait et blessait beaucoup d’officiers et de soldats parmi lesquels est le colonel et les 2 chefs de bataillon qui étaient des capitaines commandants. Ne pouvant plus se maintenir dans cette position vu la trop grande perte qu’il éprouvait, battit la charge, avança sur l’ennemi; dans cette marche audacieuse il rencontra un ravin où il s’embusqua et où il résista jusqu’à l’arrivée de la 2e division[2] et continua à se battre conjointement avec elle en poursuivant l’ennemi jusqu’à 2 heures de l’après-midi. En ce moment, M. le général Petit[3] nous fit prendre de nouvelles dispositions pour attaquer l’ennemi. Les voltigeurs, commandés par M. Godard, capitaine, furent envoyés dans un village à gauche pour débusquer l’ennemi, lui prirent deux pièces de canon qu’ils retournèrent contre eux et les forcèrent á se retirer en désordre. L’autre partie du régiment fut placée à la droite du 2e bataillon du 21e régiment commandé par M. le général Petit, enleva à la baïonnette conjointement avec lui la position en avant du bois sur la hauteur de Hassenhausen que défendaient les gardes royaux de S. M. prussienne où on leur prit plusieurs pièces d’artillerie, quantité de prisonniers, et le reste fut mis en désordre.
Cette journée a coûté au régiment 36 officiers et 800 hommes, mis hors de combat, tant en tués que blessés.
(in Foucart – Campagne de Prusse)
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[1] Jean-Marie Vergez (1757 – 1831). (et non Vergès, comme imprimé dans Foucart)
[2] La division Friant
[3] Claude Petit (1763 – 1809). Il sera blessé durant cette journée