25 décembre 1800 – Bataille de Pozzolo

LA BATAILLE DE POZZOLO.

Description du champ de bataille.

Il est situé sur la rive gauche du Mincio, au Nord du village de Pozzolo, qui est l’extrémité inférieure d’une demi-circonférence.

Cette demi-circonférence, marqué par le chemin de Pozzolo à Valeggio mesure 2,000 mètres environ. La rivière est bordée sur la rive droite par un escarpement d’une vingtaine de mètres de hauteur qui commande complètement la plaine. située de l’autre côté ; cet escarpement se termine à peu près aux extrémités de la courbe du Mincio.

C’est au sommet de cette courbe que fut jeté le pont de bateaux, un peu en aval des Moulins de Volta, situés sur la rive droite. Aux Moulins se trouve un gué, que la hauteur des eaux avait rendu impraticable.

En face de ce gué, les Autrichiens avaient construit une redoute, complètement dominée d’ailleurs par l’escarpement de la rive droite. Les abords de Pozzolo, du côté de la rivière, sont coupés par des dérivations du Mincio, qui rendent difficile l’accès du village de ce côté. Les abords de Pozzolo, sur les autres faces, sont cultivés et les limites des propriétés sont marquées par des murs de pierres sèches qui forment autant de retranchements naturels [1]La plupart de ces clôtures ont disparu de nos jours.

Si l’on s’éloigne un peu du village, le sol n’est plus cultivé ; il est encombré de pierres qui rendent difficiles les évolutions de la cavalerie [2]Actuellement, le terrain est entièrement cultivé.. La plaine, au Nord du village, n’est coupée que par une levée de terre d’une quinzaine de mètres de hauteur qui court du Nord au Sud et est le prolongement dos collines bordant la rive gauche vers Valeggio ; cette levée se termine 500 mètres l’Est de Pozzolo. Un chemin de terre partant de ce village et aboutissant la rive gauche du Mincio, en face des moulins de Volta, est surélevé d’un mètre environ au-dessus des terrains en bordure de la rivière. Il a constitué lors de la bataille de Pozzolo, un excellent abri pour les troupes françaises de première ligne.

Champ de bataille de Pozzolo - Échelle 1/25000
Champ de bataille de Pozzolo – Échelle 1/25000

L’importance de ce remblai a d’ailleurs été exagérée dans les rapports qui le qualifient de digue, et lui font jouer un rôle considérable comme appui de l’infanterie française [3]La vue panoramique du champ de bataille de Pozzolo annexée au présent fascicule de la Revue d’Histoire, a été prise à peu près exactement de l’emplacement de la principale batterie … Continue reading.

Les débuts du combat, engagement de la division Watrin.

Le général Watrin venait d’installer sa division au bivouac à Volta, dans la nuit du 3 au 4 nivôse, lorsqu’à 2 h. 30 du matin un officier du quartier général vint lui apporter une lettre du chef d’état-major général adressée à Dupont, qui était resté, comme on l’a vu plus haut, à Solarolo, pour suivre le mouvement de la division Monnier. Watrin, présumant qu’il s’agissait d’un ordre de mouvement, décacheta la lettre. C’était effectivement l’ordre, daté de Cavriana, heures du soir, qui prescrivait au commandant de l’aide droite d’exécuter le passage du Mincio près de Pozzolo avant le point du jour.

Le maréchal Oudinot
Le maréchal Oudinot duc de Reggio

Il envoya à son chef la lettre d’Oudinot et mit immédiatement sa division en mouvement pour la diriger sur le point de passage assigné. Suchet, qui avait reçu, sur ces entrefaites, les ordres le concernant, levait également le bivouac de Volta, où se trouvait entassée toute sa lieutenance [4]Suchet à Dupont, Volta, 3 nivôse (Cité par le lieutenant-colonel Titeux dans son ouvrage : Le général Dupont, une erreur historique, t. 1, p. 43)..

Il laissait à la disposition de l’aile droite les sapeurs et les commandants de l’artillerie et du génie du centre, Bardenet et Rouziès, pour concourir à l’établissement du pont [5]Rapport de Suchet à Brune, Salionze, 7 nivôse (Cité par Titeux).

La division Watrin, l’artillerie de cette division et l’équipage de pont arrivèrent, au point du jour, sur le plateau qui entoure sur la rive droite la boucle de la rivière entre les Moulins de Volta et Pozzolo. La raideur du talus masquait aux sentinelles autrichiennes de la rive gauche l’arrivée des troupes françaises.

Le général de brigade, Musnier, commandant la division en l’absence de Watrin, qui n’était pas encore arrivé sur les lieux, avait trois demi-brigades à sa disposition, les 28e et 40e de ligne de la brigade Petitot et 6e légère de sa brigade [6]Rapport de Valhubert, chef de la 28e demi-brigade, au général en chef, Milan, 40 ventôse (Cité par Titeux)..

Quant à la 22e de ligne, elle avait été envoyée en observation sur le bord de la rivière, mi-chemin de Borghetto [7]Watrin à Brune, 5 nivôse.. Le général Musnier prescrivit vers 7 heures de faire passer en bateaux sur la rive gauche pour faciliter l’établissement du pont, deux compagnies de grenadiers des 28e et 40e

La compagnie de grenadiers du 2e bataillon de la 28e, met à l’eau quelques bateaux de l’équipage et s’embarque. Les premiers hommes qui abordent sont tués. Le reste de la compagnie, enlevé par le capitaine Dambly, fonce à la baïonnette sur la ligne d’infanterie légère [8]Compagnies de chasseurs d’Aspre et de Mihanovich.,  établie le long du Mincio en amont de Pozzolo et la force à se replier.

Sur ces entrefaites, les grenadiers de la 40e , qui avaient passé la rivière et rejoint ceux de la 28e, prennent position à 300 mètres environ en avant de la rivière, derrière la petite levée de terre, qui court depuis les Moulins de Volta jusqu’à Pozzolo; ils protègent de leurs feux la construction du pont qui est lancé à peu près égale distance des moulins et de Pozzolo [9]D’après le plan de la bataille (Archives des cartes du Ministère de la Guerre)..

La 6e légère passe à son tour la rivière en barques, et reforme ses compagnies sur la rive gauche [10]D’après le plan de la bataille (Archives des cartes du Ministère de la Guerre)..

En même temps, les huit pièces d’artillerie de la division qui avaient pris position sur la crête du plateau de la rive droite, tirent sur le village de Pozzolo, occupé par cinq compagnies de chasseurs d’Aspre, et couvrent de leurs projectiles la plaine à l’intérieur du saillant de la rivière. Le feu de l’artillerie française et des tirailleurs empêche le G. M. Bussy de faire revenir ses troupes légères vers le bord de la rivière qu’elles ont abandonné.

Il les rassemble alors près de Pozzolo, et s’efforce de contrarier par le feu de ses six pièces d’artillerie la construction du pont [11]Die Schlacht am Mincio.. L’exécution de ce travail, commencé à 7 heures, se poursuit, sous la direction du chef de brigade d’artillerie, Bardenet, du centre ; il est achevé à 9 heures [12]Rapport du général Salva, commandant l’artillerie de l’aile droite, Moulins de Volta, 5 nivôse (Cité par Titeux)..

Lorsque les troupes légères de la brigade Bussy eurent évacué le bord du Mincio, devant les tirailleurs de la division Watrin, le G. M. Knesevich qui se trouvait à 1,500 mètres environ au Nord de Pozzolo avec deux bataillons de Warasdin et trois divisions de hussards, chercha à rejeter l’infanterie française dans la rivière. L’un des bataillons de Warasdin, soutenu par deux divisions du régiment de hussards Archiduc-Joseph s’avança le long de la rive du Mincio. [13]Rapport du général Salva, commandant l’artillerie de l’aile droite, Moulins de Volta, 5 nivôse (Cité par Titeux).

A ce moment, la 6e légère avait achevé son passage ; elle force à la retraite le bataillon autrichien qui avait bousculé les grenadiers des 28e et 40e ligne [14]La Relation autrichienne dit que ce furent les renforts d’infanterie et cavalerie amenés par le général Musnier qui arrêtèrent l’attaque du bataillon de Warasdin. Les Relations de … Continue reading.

Une attaque de front par deux escadrons de hussards, combinée avec une charge de deux autres escadrons sur le flanc gauche, n’a pas plus de succès, car cette cavalerie est en butte à un violent feu d’artillerie, dirigé des hauteurs de la rive droite ; elle est obligée de battre- en retraite [15]Die Schlacht am Mincio ; Relation du G. M. Knesevich, K.R. A. Italien 1800 (fasc. XII, no 532)..

A ce moment, le général Petitot se préparait faire passer la rivière à sa brigade, sur le pont de bateaux enfin achevé, lorsqu’un aide de camp du lieutenant général Suchet vint apporter, de la part du général en chef, l’ordre d’arrêter le mouvement [16]Valhubert..

Le mauvais état des chemins avait retardé la marche de l’équipage de pont destiné à Monzambano; alors qu’il aurait dû être sur les lieux au petit jour, il n’y arriva qu’à 9 heures. Le général en chef crut alors préférable de remettre au lendemain les deux tentatives de passage ; il avertit Suchet, qui arrivait de son quartier général, de la décision qu’il venait de prendre, et de l’urgence qu’il y avait par suite à contremander l’attaque sur Borghetto et le passage du Mincio à Pozzolo. Au lieu d’envoyer directement un officier du quartier général de l’aile droite pour arrêter s’il en était temps encore son attaque, Brune laissa à l’initiative de Suchet le soin d’y envoyer un de ses aides de camp. C’est cet officier qui apporta le premier contre-ordre, au moment où la brigade Petitot allait franchir la rivière. Un ordre écrit arriva peu après, annonçant la remise de l’opération au lendemain, même heure, et prescrivant à Dupont de replier son pont et de rester en position à Volta, la gauche vers Borghetto.

Au reçu du contre-ordre, le général Musnier, demeuré de sa personne sur la rive droite, ordonna la retraite. Déjà, la 28e de ligne était remontée sur le plateau et la 40e avait rétrogradé à plus de 1,000 mètres en arrière, lorsque Dupont arriva, accompagné de Watrin ; il était environ 4 heures.

References

References
1La plupart de ces clôtures ont disparu de nos jours.
2Actuellement, le terrain est entièrement cultivé.
3La vue panoramique du champ de bataille de Pozzolo annexée au présent fascicule de la Revue d’Histoire, a été prise à peu près exactement de l’emplacement de la principale batterie française, sur le talus de la rive droite du Mincio. Malgré le commandement de ce talus, certaines parties du champ de bataille, en particulier dans la direction de Pozzolo, sont aujourd’hui masquées par de nombreux saules et peupliers.
4Suchet à Dupont, Volta, 3 nivôse (Cité par le lieutenant-colonel Titeux dans son ouvrage : Le général Dupont, une erreur historique, t. 1, p. 43).
5Rapport de Suchet à Brune, Salionze, 7 nivôse (Cité par Titeux).
6Rapport de Valhubert, chef de la 28e demi-brigade, au général en chef, Milan, 40 ventôse (Cité par Titeux).
7Watrin à Brune, 5 nivôse.
8Compagnies de chasseurs d’Aspre et de Mihanovich.
9, 10D’après le plan de la bataille (Archives des cartes du Ministère de la Guerre).
11Die Schlacht am Mincio.
12, 13Rapport du général Salva, commandant l’artillerie de l’aile droite, Moulins de Volta, 5 nivôse (Cité par Titeux).
14La Relation autrichienne dit que ce furent les renforts d’infanterie et cavalerie amenés par le général Musnier qui arrêtèrent l’attaque du bataillon de Warasdin. Les Relations de Dupont et de Watrin ne font pas mention de ce fait. Celle de Valhubert le contredit. D’après cette dernière, la brigade Petitot (28e et 40e n’avait pas encore passé le pont lorsque arrivèrent Dupont et Watrin. Musnier, commandant provisoire de la division, était également demeuré sur la rive droite.
15Die Schlacht am Mincio ; Relation du G. M. Knesevich, K.R. A. Italien 1800 (fasc. XII, no 532).
16Valhubert.