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25 décembre 1800 – Bataille de Pozzolo

PRÉLIMINAIRES DE LA BATAILLE DE POZZOLO.

Les projets du commandement autrichien.

Les opérations des colonnes françaises dans la journée du 21 décembre (30 frimaire) avaient eu pour résultat l’évacuation par l’avant-garde autrichienne de tout le terrain situé sur la rive droite du Mincio. Seules, les têtes de pont de Borghetto et de Goito étaient demeurées occupées par quelques troupes d’avant-postes. Le général en chef Bellegarde annonça le soir même ces événements au commandant de l’armée impériale d’Allemagne, l’archiduc Jean.

D’après la lettre de Bellegarde, la retraite de son avant-garde n’était que la conséquence logique de son intention de ne pas se laisser entrainer à une bataille sur la rive droite du Mincio ; il avisait en même temps l’archiduc Jean qu’il s’attendait à une attaque générale contre ses positions de la rive gauche. Il estimait à 25,000 hommes, en se basant sur les combats précédents, les forces françaises entre la Chiese et le Mincio, leur aile gauche tenant les hauteurs de Lonato, la route de Peschiera à Brescia et Ponte di San-Marco, sur la Chiese [1]Bellegarde à l’archiduc Jean, Villafranca, 24 décembre .

Cependant, l’armée française ne se hâtait pas de prononcer le passage de vive force de la rivière auquel s’attendait Bellegarde. Elle demeurait dissimulée dans les nombreux replis du terrain coupé de la rive droite et ne décelait sa présence que par quelques vedettes. Bellegarde s’imagine alors qu’elle se prépare à frapper un grand coup, dont elle cache soigneusement les préparatifs, et au milieu des nouvelles contradictoires qui arrivent au quartier général, le commandant de l’armée autrichienne se demande finalement si ses propres hypothèses ne sont pas aventurées.

Est-ce décidément sur le Mincio ou vers le Tyrol que l’armée française portera son effort principal ? N’attaquera-t-elle pas plutôt simultanément des deux côtés ?[2]Bellegarde à Tige, Villafranca, 23 décembre (K. R. A. Italien 1800, fasc. XII, 471).

L’annonce du passage de Macdonald avec 40,000 hommes, de la vallée du Rhin dans la Valteline [3]Bellegarde à Tige, Villafranca, 18 décembre (K. K. A. Italien 1800, fasc. no 347). , ne peut qu’augmenter les incertitudes du général en chef. Cette troupe est-elle destinée à opérer dans le Tyrol ou doit-elle, comme le disent certains rapports, se diriger sur Brescia où son arrivée est attendue ? [4]Bellegarde à Tige, Villafranca, 18 décembre (K. K. A. Italien 1800, fasc. no 347).

Pendant la journée du 23 décembre, l’incertitude sur les projets du commandement français règne donc au quartier général. Le lendemain, les renseignements reçus amènent Bellegarde à penser que c’est sur le Mincio que se produira l’attaque. Le capitaine Bellichy, envoyé en parlementaire àMilan pour une réclamation au sujet des prisonniers hospitalisés dans cette ville, était revenu porteur de la nouvelle que l’armée française entière s’était portée sur le Mincio où elle campait, et qu’elle n’avait laissé en cantonnement sur la Chiese que sa réserve forte de 15 bataillons et de 2 régiments de cavalerie. De son côté, le F.M.L. Minkwitz, gouverneur de Mantoue, mandait que le corps de 8,000 hommes rassemblé à Marcaria, et qui avait semblé menacer Borgoforte, s’était replié entre la Chiese et le Mincio. Vukassovich envoyait des nouvelles rassurantes du Tyrol où les mouvements de l’ennemi les jours précédents s’étaient bornés à de simples reconnaissances.

Tous les rapports concluaient à une réunion de l’armée française sur son centre. Bellegarde se rendit alors compte que les détachements français dont la présence dans le Tyrol et sur le bas Pô l’avait inquiété, n’étaient destinés qu’à amener la dispersion de ses propres forces. Le retrait de ces détachements vers le centre, l’imminence d’une attaque, que rendait certaine la proximité de l’avant-garde ennemie, le décident enfin faire sortir son armée de ses cantonnements et à la concentrer à Gherla [5]Bellegarde à l’archiduc Charles, à Tige, Villafranca, 24 décembre (K. K. A. Italien 1800, fasc. 493 et 494). , à mi-distance entre Villafranca et Valeggio.

Le choix de ce point de concentration avait été dicté par les considérations suivantes : le passage de l’armée française pouvait s’effectuer en deux points, Monzambano et aux Moulins de Volta, situés à l’extrémité de saillants de la rivière vers l’Ouest. Là, le commandement très accentué de la rive droite permettait l’établissement de batteries dont le feu croisé empêcherait les défenseurs de la rive gauche de s’opposer au passage. Partout ailleurs, la rive autrichienne était la plus élevée. Si les facilités de passage en ces deux points étaient sensiblement égales, il n’en était pas de même pour le déploiement sur la rive gauche des unités françaises engagées.

La plaine de Pozzolo, en face des Moulins de Volta, n’était barrée que par un rideau de terre, courant depuis Valeggio jusqu’en arrière de Pozzolo, et dont la valeur défensive n’était pas comparable à celle du demi-cercle des hauteurs de Pra Vecchio et du Monte Bianco, qui entouraient le terrain découvert en face de Monzambano et s’appuyaient en outre au Nord sur les retranchements de Salionze, au Sud sur ceux de Valeggio.

A Valeggio même, où tous les avantages du terrain étaient pour les Autrichiens, une tentative de passage de vive force n’était pas craindre. Le choix de Gherla comme emplacement du gros de l’armée répondait donc aux deux éventualités examinées. Ce point était situé à égale distance de Monzambano et de Pozzolo que l’on pouvait atteindre en une heure et demie ; il était vraisemblable que les troupes de première ligne disposées le long de la rivière résisteraient au moins pendant ce laps de temps. Pour plus de sécurité, le général en chef se décida à surveiller l’espace compris entre Peschiera et Goito et à affecter à cette surveillance le tiers de ses forces, c’est-à-dire l’avant-garde de Hohenzollern et le corps de Vogelsang.


References

References
1 Bellegarde à l’archiduc Jean, Villafranca, 24 décembre .
2 Bellegarde à Tige, Villafranca, 23 décembre (K. R. A. Italien 1800, fasc. XII, 471).
3, 4 Bellegarde à Tige, Villafranca, 18 décembre (K. K. A. Italien 1800, fasc. no 347).
5 Bellegarde à l’archiduc Charles, à Tige, Villafranca, 24 décembre (K. K. A. Italien 1800, fasc. 493 et 494).