2 décembre 1805 – La bataille d’Austerlitz

Austerlitz

3 heures du matin

Une partie du corps d’Armée de Davout (Division Friant), qui se trouve à environ 15 km du champ de bataille, se met en mouvement. Les Alliés n’en ont pas connaissance. Le piège va se refermer.

Sur le champ de bataille, règne toujours un calme étonnant.

Barrès : « Longtemps avant le jour, la diane fut battue dans tous les régiments; on prit les armes et on resta formé en bataille jusqu’à ce que les reconnaissances fussent rentrées. La matinée était froide, le brouillard assez épais; un silence complet régnait dans toutes les lignes. Ce calme extraordinaire, après une soirée aussi bruyante, aussi folle, avait quelque chose de solennel, d’une majestueuse soumission aux décrets de Dieu: c’était le précurseur d’un orage impétueux, meurtrier, qui élève et abat des empires. »

Savary : « Le silence, jusqu’à l’extrémité de l’horizon était absolu; on n’eût jamais pensé qu’il y avait autant de monde et de foudres enveloppés dans ce petit espace. »

Vue de la colline du Santon (photo Ouvrard)

4 heures du matin – Zuran

Napoléon quitte sa tente et descend jusqu’à Puntovice. Il aperçoit les feux presque éteints sur les hauteurs de Pratzen, et perçoit très nettement des bruits indiquant que ces derniers se dirigent vers les étangs, vers sa droite. Le piège est en marche.

5 heures du matin – Le Pratzen

Le Pratzen, vu du sud (photo Ouvrard)

Il fait encore nuit noire. Du côté des Alliés, le centre, les réserves et l’aile droite du général Bagration restent sur leurs positions. Mais les Autrichiens, qui forment la gauche du dispositif allié, descendent du plateau de Pratzen. Mais la 3e colonne de Przybysewski croise la 5e colonne formée de la cavalerie de Lichtenstein, qui, la veille au soir, dans l’obscurité, n’avait pas occupé la place qui lui était assignée, et s’y rend maintenant ! D’où une belle pagaille, un retard dans l’exécution des ordres, et…. des chevaux qui ne reçoivent pas leur ration de fourrage!. Langeron est obligé d’arrêter ses troupes, tout comme Przybysewski; quand les cavaliers sont enfin passés, une heure a été perdue.

Ce retard donne également le temps à la division Friant de se rapprocher du champ de bataille et aux défenseurs de Telnice, attaqués par l’avant garde de Kienmayer, de renforcer leur défense. Contre-attaquant baïonnette au canon, ils contraignent les Autrichiens à reculer et à repasser le Goldbach en désordre.

Débouche alors la 3e colonne de Przybysewski. Elle attaque le château de Sokolnice, où Legrand les reçoit avec de terribles salves d’artillerie (aujourd’hui, des croix dans le mur entourant le château marquent l’emplacement des batteries françaises). La manœuvre d’enveloppement prévue par les Alliés est en cours: 12 bataillons de Langeron assaillent Sokolnice, tandis que 29 bataillons austro-russes attaquent Telnice

 7 heures du matin – Le Santon

La colline du Santon (Photo Ouvrard)

Alors que la bataille a commencé depuis déjà deux heures près des étangs, le combat va s’engager à l’autre extrémité des lignes, sur la route d’Olomouc. La colline du Santon est le pivot de la défense de la gauche française.

Les canons tonnent, et les deux divisions du maréchal Lannes s’ébranlent à la rencontre des quatre-vingt-deux bataillons austro-russes du général Bagration, qui a, à ce moment, son quartier-général au relais de poste de Pozorice – la Stara Posta.

La division Suchet est au nord dans les contreforts boisés qui bordent la route d’Olomouc. La division Caffarelli, précédée de la cavalerie légère de Kellermann et les dragons entrent dans la plaine, plus au sud.

Les uhlans de la réserve russe attaquent. Kellermann replie ses cavaliers parmi les bataillons de Caffarelli. Ceux-ci, par une fusillade nourrie, accueillent les Russes dont l’élan est ainsi brisé. Le général russe Essen est mortellement atteint. Les escadrons ennemis essaient de se regrouper. À ce moment les cavaliers de Kellermann surgissent sabre au clair et dispersent les Russes. Le prince de Lichtenstein (on a vu que la cavalerie de Liechtenstein est arrivée plus tard que prévu) envoie aussitôt des renforts, mais les dragons français chargent à leur tour. Après quelques minutes de ce féroce combat, chaque cavalerie se replie laissant le terrain jonché d’hommes et de chevaux.

L’infanterie s’avance alors. Les Russes dirigent sur les troupes françaises toute leur artillerie, quarante pièces de canon. Une décharge enlève en entier le groupe de tambours du premier régiment de Caffarelli, qui perd 400 hommes en trois minutes. Malgré cela les Français avancent et marchent déjà sur Blazowice. Sur les ordres de Lannes, le colonel Castex prend le commandement du 1er bataillon du 137e léger. En entrant dans le village, il est frappé d’une balle en plein front, mais ses soldats s’élancent et prennent le village qu’avait occupé le matin un détachement de la garde russe.

8 heures 30 – Le Zuran

Sur le Zuran.

Les Français résistent bien à Telnice, Sokolnice et sur la ligne du Goldbach, et le plan mis sur pied par les alliés pour écraser Napoléon semble désormais impossible à réaliser. Au contraire, le plan français va commencer d’entrer en exécution.

Sur le Zuran, où un sémaphore a été installé pour la transmission des ordres, Napoléon est entouré de tous ses officiers généraux: Berthier, Junot, Bessières, Murat, Davout, Bernadotte, Soult, Lannes.

« L’Empereur, entouré de ses maréchaux et des généraux d’élite de son armée, était placé sur un mamelon dont j’ai parlé, distribuant des ordres pour la disposition de ses troupes et attendant que le brouillard se dissipât pour donner le signal de l’attaque. » (Barrès)

« Nous vîmes se lever le soleil d’Austerlitz. Le 2 décembre 1805, jour anniversaire du couronnement de l’Empereur, il était huit heures du matin lorsqu’il apparut sur l’horizon de la Moravie, pur et radiaux comme aux plus beaux jours du printemps. Une légère vapeur adoucissait les teintes, et nous permettait cependant de voir distinctement cent vingt mille baïonnettes qui luisaient au soleil et qui s’avançaient lentement vers nous en formant un croissant immense comme l’horizon (..) » (Lejeune)

« Un instant après, nous vîmes, sur le sommet de ce tertre que nos soldats appelaient < Butte de l’empereur > , accourir, des divers points de notre ligne, suivis chacun d’un aide de camp, tous les chefs de nos corps d’armée. Napoléon avaient voulu qu’ils vinssent ainsi, tous à la fois, recevoir ses derniers ordres. Ce furent: le maréchal prince Murat, la maréchal Lannes, la maréchal Bernadotte, le maréchal Soult et le maréchal Davout….Spectacle merveilleux ! Dans ce cercle redoutable, que de gloires réunies ! … »

« Dans cet instant solennel, ces maréchaux formèrent autour de l’Empereur le plus formidable ensemble que l’imagination puisse concevoir ! Spectacle merveilleux ! Dans ce cercle redoutable, que de gloires réunies ! Il me semble les voir encore recevoir successivement son inspiration, et aussitôt, comme s’ils eussent emporté la foudre, s’élancer de toutes part pour aller briser les forces réunies des deux empires ! Ma vie aurait la durée de celle du monde, que jamais l’impression d’un tel spectacle ne s’effacerait de ma mémoire. » (Ségur)

Car c’est bien la crème de la Grande Armée qui est là, et, à l’exception de Berthier, ils ont tous moins de 40 ans ! Les deux derniers nommés, suite à une querelle le 28 novembre, ont promis de se battre en duel, mais Soult décide qu’ils ont plus urgent à faire, et l’épisode en restera là.

Napoléon donne ses dernières instructions: à Telnice et Sokolnice, la division Friant du maréchal Davout et la division Legrand du maréchal Soult ont pour instruction de tenir le plus longtemps possible, de ne reculer que pied à pied, d’harceler sans cesse l’ennemi jusqu’à ce que les colonnes austro-russes soient coupées de leurs arrières. Elles vont accomplir point par point les ordres reçus.

Lannes et Murat, sur la route d’Olomouc, doivent tenir en échec et refouler si possible la droite ennemie.

Soult, avec les divisions Vandamme et Saint-Hilaire doit, malgré son impatience, attendre que les troupes ennemies aient dégarni le plateau de Pratzen (pour attaquer la droite du dispositif français), pour foncer entre Jirikovice et Ponetovice, traverser le Goldbach et remonter les pentes du plateau, coupant ainsi en deux l’armée ennemie.

Napoléon, la Garde, les grenadiers et le corps de Bernadotte, resteront en réserve derrière Soult pour l’appuyer si nécessaire.

« Il faut que dans une demi-heure, la ligne entière soit tout en feu ! »

dit, en terminant, Napoléon.

 

8 heures 45 – Telnice

Accablés par des forces cinq fois supérieures, les Français sont près de perdre Telnice et Sokolnice, lorsque la division Friant arrive (elle vient de marcher 65 km en deux jours!) et entre immédiatement dans le combat, soutenue par les cavaliers de Bourcier. Mais le combat est inégal: 10 000 français contre 50000 austro-russes ! Bientôt, la situation devient critique: Telnice et Sokolnice sont aux mains des alliés.

Positions à 9 heures

9 heures – Le Santon

La mort de Valhubert

Bagration tente de prendre le Santon. Ses troupes entrent dans Tvarozna, au pied du mamelon, mais sont bientôt forcées de se retirer vers Pozorice. Contre-attaquant à son tour, Suchet envoie deux régiments sous les ordres du général Valhubert. Malgré des pertes très lourdes (Valhubert est mortellement blessé, mais refuse qu’on le transporte hors du champ de bataille) les Russes sont repoussés.

 

 

 

 

9 heures – Le Pratzen

L’Empereur donne le signal: Vandamme et Saint-Hilaire se mettent en mouvement.

20000 hommes traversent le Goldbach à Ponetovice et à Girzikovice et en une demie-heure, ils vont atteindre les hauteurs de Pratzen (Saint-Hilaire) et de Stari Vinoradhy (Vandamme).

Le quartier général de Koutousov est installé à Krenovice. Vers neuf heures, sur la foi des rapports qu’il reçoit, il estime la situation satisfaisante: les Français ont déjà perdu Telnice et Sokolnice, sans que la quatrième colonne de Kollowrath soit entrée en action.

Le tsar est impatient de vaincre et morigène Koutousof. Ce dernier, à contrecœur, donne l’ordre à Miladorowitch de commencer la descente, tandis qu’il va voir près du bord du plateau où en sont les combats. La brume est en partie dissipée. On aperçoit confusément des troupes ennemies sur les hauteurs opposées. Pourtant, en bas, la fusillade devient plus distincte. Koutousov se tourne vers un aide de camp, lui demande sa lunette d’approche, mais l’ordonnance sursaute, et le bras tendu vers le pied du plateau: « Regardez ! là, devant nous ! Ce sont les Français ! »

Les officiers s’arrachent la lunette, changent d’expression, la terreur se lit sur leurs traits. Devant eux, des milliers de français montent à l’assaut, en chantant :

On va leur percer le flanc,
Ran, ran, ran, rantanplan, tirelire,
Rantanplan tirelire en Plan !

On va leur percer le flanc,
Que nous allons rire !
Ran, tan, plan, tirelire,
Que nous allons rire !

Kollowrath s’est aperçu de l’avance des français. Il fait faire demi-tour à ses troupes pour contr’attaquer. De l’aide est demandée au prince de Lichtenstein, engagé à ce moment là près de Blazovice, qui envoie quatre régiments russes.

Les choses vont vite. La division Saint-Hilaire prend le pas de charge, bouscule les détachements de Miladorowitch, traverse village de Pratzen sans s’arrêter. Le général Morand (10e léger) s’établit sur le plateau, soutenu par la 1ère brigade du général Thiébault, tandis que la division Vandamme prend position près de Stari-Vinohrady. Thiébault, avec sa batterie de douze canons, tire à boulet et mitraille sur les Autrichiens qui se débandent sur le revers du plateau. Vandamme attaque alors les Russes à la baïonnette, les obligeant à fuir en abandonnant leur artillerie. Il revient vers la hauteur de Stari-Vinohrady, l’attaque avec le 24e léger du général Schiner et le 4e de ligne dont le colonel n’est autre que Joseph Bonaparte. Il gravit la pente, culbute l’ennemi et s’empare des canons et de leurs servants

 

10 heures – Sokolnice

L’ancien château de Sokolnice (Photo Ouvrard)

Là se déroule une terrible empoignade, où les participants sont tour à tour vainqueurs et vaincus. Mais les alliés ne parviennent pas à enfoncer les français. A ce moment précis, des nouvelles alarmantes arrivent du Pratzen. Les alliés piétinent, le plan de Weirother pour écraser Napoléon est désormais impossible à réaliser.

11 heures – Le Pratzen

Soult s’établit sur le plateau et s’efforce de concrétiser la rupture des armées alliées.

Koutousov regroupe encore ses forces: les troupes de Kollowrath et de Miladorowitch, la brigade Kamenski du corps de Langeron, (qui, au bruit du canon sur le Pratzen, a fait faire demi tour à ses hommes, engagés à ce moment à Sokolnice), la garde impériale russe du prince Constantin, et fond sur la brigade Thiébault, isolée du reste de la division par le ravin de Pratzen.

Les Austro-Russes se sont rapprochés jusqu’à trente pas des Français, précédés de deux officiers qui crient: » Ne tirez pas, nous sommes Bavarois. »

Lorsque la supercherie est découverte, la position des Français est précaire. Saint-Hilaire, ayant consulté les généraux Morand et Thiébault sur le parti à prendre, décide: En avant, et pas de prisonniers. L’ennemi est culbuté, les uns dans la vallée du Goldbach, les autres de l’autre côté du plateau.

Koutousov est légèrement blessé. Côté français, le colonel Mazars est tué, le général Saint-Hilaire blessé, et de nombreux officiers hors de combat.

Pendant ce temps, la brigade Varé refoule les Austro-Russes de Kollowrath vers Krenovice.

Un détachement de cavalerie de la garde russe, regroupant les fuyards, repart à l’assaut. Le 4e de ligne du frère de l’Empereur, se retrouve au milieu des combats, est bousculé et accuse de grandes pertes.

11 heures – Le Santon

Le général Ouvarof, avec les escadrons dont il peut encore disposer, tente de colmater la brèche ouverte dans la droite de l’armée alliée. Murat reçoit le renfort d’une division du Corps d’Armée de Bernadotte. Liechtenstein et Bagration sont contraints de reculer.

Lannes occupe Holubice, ayant fait 4 000 prisonniers, tué ou blessé 2 000 Russes. De plus il s’est emparé de la plus grande partie des équipages ennemis. Il arrête alors sa progression, ignorant le sort de l’ensemble de la bataille, et fait informer Napoléon de la situation.

Positions à 12 heures

13 heures – Le Pratzen

Napoléon avait raison: ces hauteurs sont bien la clé de la bataille. Si ses soldats se maintiennent dans cette position, comme cela semble le cas, Koutousof est coupé en deux. Pourtant rien n’est encore sûr pour les français. L’Empereur s’établit sur le plateau de Pratzen, suivi de la réserve: Bernadotte, la Garde et les grenadiers.

Le grand-duc Constantin, après avoir bousculé les deux bataillons de Vandamme, lance toute la garde impériale russe (où combattent des représentants des plus nobles familles de Russie) sur le flanc de l’attaque française. La brigade Kamenski tente, près de Sokolnice, un dernier effort.

Alors, Napoléon se tourne vers Rapp :

« Il y a là du désordre, il faut le réparer. »

Rapp prend le commandement d’un régiment de chasseurs à cheval de la Garde auquel il adjoint l’escadron des mameluks. Ordener suit avec les grenadiers à cheval. Bernadotte a détaché la division Drouet (colonel Gérard) pour contrer l’infanterie russe.

C’est la première fois que ces deux corps d’élite se rencontrent.

La bataille d’Austerlitz – François Gérard.

Les Français s’élancent, enfoncent la cavalerie russe. Une deuxième charge de cavalerie commandée par le prince Repnine s’effectue. Le colonel Morland est tué. Arrivent en renfort les grenadiers à cheval d’Ordener. La mêlée est impressionnante. La cavalerie française parvient à disperser et à refouler les chevaliers-gardes d’Alexandre, faisant un illustre prisonnier, le prince Repnine en personne, que le général Rapp, le crâne entouré d’un pansement, présentera lui-même à Napoléon (tableau célèbre du peintre Gérard).

« Les canons, le bagage, le prince Repnin étaient dans nos mains….J’allais rendre compte de cette affaire à l’empereur; mon sabre à moitié cassé, ma blessure, le sang dont j’étais couvert, un avantage décisif remporté avec aussi peu de monde sur l’élite des troupes ennemies lui inspirèrent l’idée d’un tableau qui fut exécuté par Gérard. » (Rapp)

« Le peintre Gérard, dans son tableau de la bataille d’Austerlitz, a pris pour sujet le moment où le général Rapp, sortant du combat, blessé, tout couvert du sang des ennemis et du sien, présente à l’Empereur les drapeaux qui viennent d’être enlevés, ainsi que le prince Repnine, fait prisonnier. J’étais présent à cette scène imposante, que ce peintre a reproduite avec une exactitude remarquable.  Toutes les têtes sont des portraits. » (Marbot)

Pendant ce temps, les trois régiments de la division Drouet refoulent l’infanterie russe, privée de la protection de la cavalerie, sur Krenovice et Austerlitz.

 

13 heures – Le Santon

Sommet du Santon – Reconstitution d’un canon de 1805 (Photo Ouvrard)

Bagration est coupé du reste des alliés. Lannes poursuivant son effort, aidé par les cuirassiers de Murat, force les Russes à se replier vers Rousinov. Mais deux batteries russes, installées sur une hauteur derrière le relais de poste de Pozorice (la Stara Posta) protègent ces derniers, et Bagration sauve la presque totalité des troupes qui lui restent.

Peu après, Murat s’établit à la Stara Posta.

 

14 heures – Le Pratzen

Ce qui reste de l’aile droite de Bagration se replie, les cavaliers de Lichtenstein fuient au-delà d’Austerlitz. La garde russe est anéantie, toutes les troupes, du centre à la droite, sont en retraite. Seules les colonnes de l’aile gauche qui devaient encercler les troupes de l’Empereur résistent sur le Goldbach, mais elles sont maintenant coupées de leurs arrières.

La garde du plateau est confiée aux troupes de Bernadotte. Napoléon réunit le corps d’armée de Soult, y adjoint les bataillons de la Garde, les grenadiers d’Oudinot avec 40 pièces de canon, et descend par ces mêmes chemins qu’ont emprunté le matin même les troupes alliées.

Autour de Telnice, la division Friand tient tête depuis les premières heures aux colonnes alliées. Friand a eu quatre chevaux tués sous lui. Davout, arrivé sur les lieux, se demande s’il pourra tenir encore ses positions. Buxhoewden pense pouvoir obtenir la décision, quand sur ses arrières arrivent les grenadiers d’Oudinot, Napoléon à la tête de la Garde Impériale, et les divisions de Soult. Les batteries françaises entrent en action et causent de grandes pertes aux Russes.

Les colonnes de Langeron et de Pribyschewski tentent de se replier le long du Goldbach vers le nord. La cavalerie française se lance à la poursuite des fuyards, en capturant la plupart, dont le général Pribyschewski lui même.

Positions à 15 heures

Le corps d’armée du maréchal Soult arrive alors sur le versant du plateau. Buxhoewden avec quatre régiments, se replie sur Ujezd, au nord des étangs, Langeron se joint à lui. Les Russes commencent à pénétrer dans le village, mais Vandamme, avec sa division dévalant du plateau, y entre de son côté. Buxhoewden est blessé, parvient à s’enfuir, mais ses troupes ne pouvant plus avancer se précipitent vers les étangs glacés, pensant pouvoir s’enfuir par cette voie.

« Parvenu à la descente qui domine les lacs, je sortis un instant des rangs, et je vis, par ce moyen, dans la plaine, la lutte terrible engagée entre le 4e corps et la portion de l’armée russe qui lui faisait face, ayant les lacs à dos. Nous arrivâmes pour lui donner le coup de grâce, et achever de les jeter dans les lacs. Ce dernier et fatal mouvement fut terrible. Qu’on se figure 12 à 15 000 hommes se sauvant à toutes jambes sur une glace fragile et s’abîmant presque tous à la fois (..) L’artillerie de la Garde tira ensuite avec une vivacité incomparable sur la glace pour la briser et la rendre impropre à porter des hommes. » (Barrès)

La glace ne peut évidemment résister au poids des hommes, des chevaux et des canons. Elle se brise bientôt et la déroute est complète.

« L’infanterie (russe) flottant  incertaine sur le parti qu’elle avait à prendre, n’entrevit de salut qu’en essayant de franchie sur la glace les larges étangs qui la séparaient de l’autre rive. Quelques hommes, en effet, purent passer; mais lorsqu’un plus grand nombre fut arrivé au milieu des étangs, la glace commença à craquer sous leur poids, et ils s’arrêtèrent; ceux de derrière, continuant toujours à avancer, formèrent bientôt une masse de plus de six mille hommes qui chancelaient en glissant. Tout à coup, cette foule agglomérée, chargée d’armes et de bagages, disparut en deux secondes sous les glaçons brisés, sans qu’un seul homme put s’échappèrent nageant à la surface. » (Lejeune)

Lejeune ne sera pas le seul à déformer l’évènement qui, en réalité, fut beaucoup moins dramatique. Mais la légende, orchestrée par Napoléon lui-même s’emparera de cet épisode, en l’amplifiant à l’envie.

Par ailleurs, Soult, autour de Sokolnice, soutenu par les dragons de Beaumont, vient à bout de la dernière résistance des troupes russes. Les cavaliers se saisissent en quelques instants de milliers de prisonniers et de leur artillerie.

 

Épilogue

Reden’ S was Sie wollen, der Bonaparte ist doch ein widerlicher Kerl !
(Vous pourrez dire ce que vous voulez, ce Bonaparte est vraiment un gaillard répugnant !)

16 heures – Ujezd

Jean de Lichtenstein. Portrait de Johann Lampi. HGM Vienne.

Le soleil commence à décliner. Le prince Bagration, le général Ouvarof font retraite vers Welspitz et Austerlitz. Le prince de Lichtenstein et le grand-duc Constantin se replient également vers le château d’Austerlitz. Toutes les troupes alliées sont en déroute.

Les blessés et les mourants sont entassés dans les granges et les églises. Koutousov a fait installer aux entrées, un écriteau rédigé en français :  » Je recommande ces malheureux à la générosité de l’Empereur Napoléon et à l’humanité de ses braves soldats.  »

Lorsque la nuit survient, Napoléon se trouve près d’Ujezd. Accompagné de Soult et Berthier, il remonte vers le nord, en direction de la route d’Olomouc, traversant le champ de bataille. Il ordonne que l’on fasse des feux, et que l’on groupe autour les blessés, que les officiers d’ordonnance recouvrent des vêtements pris aux morts. Vers minuit, il arrive à la Stara Posta, que Murat et Lannes ont conquis quelques heures auparavant. Là. Il s’allonge sur un lit de paille, et s’endort, bientôt réveillé, cependant, par l’arrivée de Jean de Liechtenstein, venant présenter la reddition de l’armée autrichienne

Napoleon et Lichtenstein – Dessin contemporain.

Dès le lendemain, Napoléon installe son quartier général au château d’Austerlitz. Le 3 décembre, il s’adresse à l’armée dans une nouvelle proclamation, devenue célèbre. Il écrit aussi à Talleyrand et…. aux évêques de France, pour leur demander de célébrer l’évènement.

Le même jour, le prince de Liechtenstein arrive au château d’Austerlitz, chargé par l’empereur d’Autriche de demander une entrevue à Napoléon.

Le 30e Bulletin de la Grande Armée est daté du 3 décembre 1805 (12 frimaire an XIV)

Le 4 décembre, à Spaleny mlyn (« le Moulin brûlé »), près de Nasedlovice (sur les terres du prince de Liechtenstein, qui est présent), Napoléon et François II se rencontrent. Napoléon est arrivé le premier et à fait faire des feux. Bientôt François arrive, accompagné de quatre princes et trois généraux; un escadron de cavaliers hongrois lui sert d’escorte. Napoléon va au devant de l’empereur d’Autriche. Les deux empereurs vont ainsi causer près d’un brasier.

« L’Empereur d’Allemagne a sollicité une entrevue. J’ai accepté; elle a duré de 14 heures à 16 heures. Je lui ai dit ce que je pensais de lui. Il voulait une paix immédiate, il m’a assailli avec de bonnes paroles, je me suis défendu, ce qui, je vous l’assure, m’a été difficile. moi qui ne suis pas préparé à cette façon de faire la guerre.

« L’Empereur est parti hier d’Austerlitz et est allé à ses avant-postes près de Srucitz, et s’est là placé à son bivouac. L’empereur d’Allemagne n’a pas tarder à arriver. Ces deux monarques ont eu une entrevue qui a duré deux heures.  (…) Ces deux princes sont convenus d’un armistice et des principales conditions de la paix, qui sera négociée et terminée sous peu de jours. (31e Bulletin)

 

« Après quatre heures de marche, on nous fit prendre, à droite de la route, une position sur une hauteur avec de la cavalerie et de l’artillerie de la Garde; plus loin, sur la même ligne, était aussi de la troupe de ligne; en avant de nous, un peu plus bas, on voyait l’Empereur se chauffant à un feu de bivouac, entouré de son état-major. » 

Sur la colline en face étaient des troupes ennemies en bataille. Nous crûmes d’abord qu’une affaire allait s’engager, mais, après quelques instants d’attente, arrivèrent deux belles voitures, entourées f’officiers et de cavaliers, d’où je vis descendre un personnage en uniforme blanc, au-devant duquel se rendit l’Empereur Napoléon.

Nous comprîmes alors facilement que c’était une entrevue pour traiter de la paix, et que le personnage descendu de voiture était l’Empereur d’Autriche. Après leur conversation, qui dura moins d’une heure, nous reprîmes la route d’Austerlitz, où nous arrivâmes exténués de fatigue et mourant de faim: nous avions fait huit lieues dans la boue et par un froid très vif. Il était nuit, depuis longtemps, quand nous entrâmes dans nos logements. » (Barrès)

 

« Ce fut à son premier bivouac qu’il (Napoléon) reçut l’empereur d’Autriche, qui lui avait demandé une entrevue, et ce fut en plein air que les préliminaires de la paix furent signés. » (Pouget)

 

« François avait à peine 38 ans, mais était enveloppé d’un énorme manteau boutonné, était coiffé d’un tricorne largement enfoncé sur l’arrière de la tête et tenait une canne à la main. Tout reflétait en lui l’aspect d’un invalide. » (Petiet)

 

« Napoléon…. se trouva le premier au rendez-vous. mit pied à terre et se promenait autour d’un bivouac lorsque, voyant arriver l’empereur d’Autriche, il alla à lui et l’embrassa cordialement…(il) n’abusa pas de la position dans laquelle se trouvait l’empereur d’Autriche; il fut affectueux et d’une politesse extrême, autant que nous pûmes en juger de la distance à laquelle se tenaient respectueusement les deux état-majors. » 

(..) Spectacle bien fait pour inspirer des réflexions philosophiques ! Un empereur d’Allemagne venant s’humilier et solliciter la paix auprès d’un petit gentilhomme corse, naguère sous-lieutenant d’artillerie, que ses talents, des circonstances heureuses et le courage des armées françaises avaient élevé au faîte du pouvoir et rendu l’arbitre des destinées de l’Europe » (Marbot)

 

« Le feu brûlait, Napoléon descendit. Plusieurs de ses chasseurs à cheval se dépêchèrent de faire un tapis de paille, d’autres fixèrent une planche à un arbre, pour que les deux empereurs puissent s’asseoir. Lorsqu’il s’aperçut de tous ces préparatifs, il sourit et me dit: <c’est assez – cela suffit, même s’il a fallu six mois pour régler le cérémonial de la rencontre entre François Ier et Charles Quint >.  A ce moment nous vîmes arriver sur la route une calèche sans escorte. Deux escadrons de cavalerie l’avaient escortée, mais seulement jusqu’aux étangs qui marquaient la limite de l’armistice. La voiture s’arrêta devant le bivouac de l’Empereur, et Napoléon se rendit jusqu’à la portière pour accueillir l’empereur d’Autriche, qu’il prit chaleureusement par la main et le conduisit jusqu’à son bivouac…. La rencontre, qui se déroula debout, dura une heure….Aux derniers mots de Napoléon:<Votre majesté me promet donc de ne plus me faire la guerre ?>, François répondit : < Je le jure, et je tiendrai parole >. La-dessus les deux hommes s’embrassèrent et se séparèrent. Lorsque Napoléon remonta à cheval, il nous dit < Nous retournons à Paris, la paix est faite > (Ségur)

 

« Je ne sais pas ce qui se dit au feu des empereurs. Nous étions aussi curieux de l’apprendre que les autrichiens qui étaient au même feu que nous. Nous ne pûmes le pénétrer ni les uns ni les autres. Toutefois il nous parut qu’on y était de belle humeur. On riait, ce qui  nous parut d’un bon augure. Effectivement, au bout de deux heures. Effectivement, au bout de deux heures, les deux souverains se séparèrent en s’embrassant. » (Savary)

 

« Le 4 décembre, avant le jour, toute la garde se mit en marche. L’Empereur la suivit, et quand il quitta Austerlitz, il ne savait pas encore positivement le lieu qui avait été fixé; il l’apprit en route. C’est à une distance assez grande du moulin que la Garde s’arrêta et prit position sur plusieurs lignes, profitant des inégalités de la descente et placée comme sur une espèce d’amphithéâtre à divers degrés.

Le moulin était saccagé; l’Empereur ne s’y plut pas. Le temps était superbe; il préféra que la conférence se tînt en plein air. Les sapeurs de la Garde allumèrent un grand feu. Enfin nous vîmes arriver plusieurs voitures et un gros détachement de cavalerie; c’était François II, escorté par une division des hussards de Kienmayer et une des uhlans de Schwarzenberg, accompagné de plusieurs généraux, entre autres du prince jean de Lichtenstein. Au même moment la Garde battit aux champs; les trompettes sonnèrent la marche. Le spectacle était magnifique;: ce qui allait se passer lui donnait un caractère de gravité qui faisait naître dans tous les esprits un sentiment de respect et de recueillement difficile à exprimer.

Napoléon s’avança sur la chaussée, aida François II à descendre de sa voiture, et l’embrassa en lui adressant quelques paroles que je ne saisis pas (..) L’Empereur le conduisit alors près du feu, où il resta seul avec lui, et sans le maréchal Berthier, contrairement à ce que disent certaines relations (..)

L’Empereur reconduisit François II à sa voiture et pris congé de lui. Puis, comme il montait à cheval, il nous dit < Messieurs, nous retournons à Paris; la paix est faite > Et alors, au galop arabe, il repris le chemin d’Austerlitz. » (Thiard)

 

« Les plénipotentiaires ne pouvant s’accorder aussi bien que les souverains, l’empereur des français paru désirer une entrevue avec celui d’Autriche, qui vint le trouver au bivouac de l’avant-garde, près d’Urschütz. Là on convint des conditions de la paix, qui fut bientôt conclue et qui ne coûta pas à l’Autriche autant de sacrifices qu’elle eût dû s’y attendre. » (Langeron)

 

« Alors les deux empereurs François II et Napoléon eurent, à peu de distance du village de Nasedlowitz, près d’un moulin, à côté de la grande route et en plein air, la fameuse entrevue qui pacifia les deux empires. L’entretien des deux empereurs dura longtemps (..). » (Stutterheim)

 

Le 6 décembre, au château d’Austerlitz, le prince Liechtenstein et le Berthier signent le cessez-le-feu. Parmi les conditions, la France exige le retrait des troupes russes, la dissolution de l’insurrection hongroise et de la milice de Bohême ainsi que l’interdiction faite à toute armée étrangère (et c’est à la Prusse que l’on pense) de pénétrer le territoire autrichien, dont la majeure partie reste occupée par la Grande Armée. Ne sont pas occupés: la Hongrie (à l’exception de Presbourg),la Croatie, la Galicie et la partie nord de la Moravie et de la Bohême.

Les négociations de paix vont trouver place d’abord à Brünn, puis à Preßbourg (aujourd’hui Bratislava), au palais Primatial. Elle vont durer jusqu’au 26 décembre. Le lendemain, le traité de paix de Preßbourg sera signé (antidaté du 26) dans la Galerie des Glaces, par le prince Liechtenstein et le baron Ignaz Gyulai, du coté autrichien, et par Charles Maurice Talleyrand-Périgord, du coté français.

Le 27, au Relais de poste de Stammersdorf, à la sortie de Vienne, sur la route de Moravie, il rencontre, l’archiduc Charles, qu’il a lui-même invité.

Le relais de poste « Am Rendez-vous », à Stammersdorf (Photo Ouvrard)

« Am Rendez-Vous », premier relais de poste après Vienne, se situait à proximité d’une vieille maison de chasse, point de départ de chasses de la cour dans les bois de Stammersdorf.

On sait très peu de choses sur ce qui fut dit, ce jour là, deux heures durant, entre les deux hommes. Charles, qui souhaitait obtenir un adoucissement des conditions de paix, écrira à son frère Joseph, qu’il avait essayé de l’amener à ses vues. En vain. Napoléon lui aurait toujours répondu : « Tout est réglé, tout est déjà signé ». Il écrit la même chose à son oncle, le prince Albert, en ajoutant « qu’il lui en dira plus sur cet entretien, intéressant à tous les points de vue »

D’après Madame de Rémusat, Napoléon aurait fait préparer une épée richement décorée, pour en faire cadeau à l’archiduc. L’entrevue n’ayant pas pris la tournure souhaitée, l’épée ne fut pas remise….

Le lendemain, Napoléon quitte Vienne en direction de Munich. Avant de partir, il s’est adressé aux Viennois :

« Je me suis confié en vos sentiments d’honneur, de bonne foi, de loyauté : vous avez justifié ma confiance.

Habitants de Vienne, je sais que vous avez tous blâmé la guerre que des ministres vendus à l’Angleterre ont suscité sur le continent… Tous les maux que vous avez soufferts, attribuez-les aux malheurs inséparables de la guerre ; et tous les ménagements que mon armée a apportés dans vos contrées, vous les devez à l’estime que vous avez méritée »

L’empereur François signe le 30, à Hollitsch. Le 1er Janvier 1806, le prince Liechtenstein et Talleyrand échangent les instruments de ratification.

C’est aussi ce 1er Janvier 1806 que le calendrier républicain est abandonné: le retour au calendrier grégorien doit saluer l’avènement d’une nouvelle ère de paix en Europe.

 

Postface

Sur la montagne de Pratzen, gisait le prince André Bolkonski, à ce même endroit où il était tombé, la hampe du drapeau dans la main….Il perçut le piétinement de chevaux qui s’approchaient, et le son de voix qui parlaient français…

Ces cavaliers n’étaient autres que Napoléon et deux aides de camp. Bonaparte (…) examinait les morts et les blessés qui restaient sur le champ de bataille. < Les munitions des pièces de position sont épuisées, Sire > dit à ce moment l’aide de camp qui arrivait des batteries qui tiraient sur Ujezd. < Faîtes avancer la réserve > dit Napoléon, et , s’éloignant de quelques pas, il s’arrêta près du prince André qui était couché sur le dos, avec la hampe du drapeau près de lui. < Voilà une belle mort > dit-il en regardant Bolkonski.

Le prince André compris que des paroles étaient dîtes par Napoléon et se rapportaient à lui (…) Il savait que c’était son héros, Napoléon, mais à ce moment, Napoléon lui semblait un homme si petit, si minime en comparaison de ce qui se passait entre son âme et ce haut ciel infini où couraient des nuages !… Il rassembla toutes ses forces, pour remuer, émettre un son. Il agita faiblement la jambe et poussa un gémissement faible, maladif…

< Ah, il vit > dit Napoléon. < Enlevez ce jeune homme et conduisez-le à l’ambulance>. Puis Napoléon partit plus loin, à la rencontre du maréchal Lannes, qui, soulevant son chapeau, s’approchait de l’Empereur et le félicitait de la victoire.

…..Le prince André, ainsi que les autres malades désespérés fut abandonné aux soins des habitants du pays.

Leon Tolstoï, Guerre et Paix.

 

 

Vers quatre heures, la bataille était finie; il n’y avait plus qu’à poursuivre et à ramasser des débris épars et en déroute. L’Empereur en donna l’ordre. Il adressa plusieurs mots heureux aux officiers et aux soldats près desquels il se trouvait; puis, quittant les lacs, il revint de notre droite à notre gauche, jusque sur la route d’Olmutz. Dans ce trajet sur toute la ligne de bataille jonchée de blessés, comme il s’arrêtait à chacun d’eux, la nuit le surprit. Le brouillard du matin retombait alors en pluie glacée et augmentait l’obscurité. Il recommanda le silence, afin de pouvoir entendre les gémissements de nos malheureux soldats mutilés; lui-même allait les secourir, leur faisant donner, par Yvan et son mamelouk, l’eau de vie de sa cantine.

Enfin, vers dix-heures du soir, arrivé ainsi, de blessé en blessé et presqu’à tâtons, sur la route d’Olmutz, au point où s’embranche celle d’Austerlitz, il y passa la nuit dans la pauvre maison de poste de Posorsitz…

Ségur, Histoire et Mémoires .

FIN