1813 – Vingt-Cinquième Bulletin de la Grande Armée
, 6 septembre 1813
Le 2 septembre, l’empereur a passé, à Dresde, la revue du premier corps, et en a conféré le commandement au comte de Lobau. Ce corps se compose des trois divisions Dumonceau, Philippon et Teste. Ce corps a moins perdu qu’on ne l’avait cru d’abord, beaucoup d’hommes étant rentrés.
Le général Vandamme n’a pas été tué; il a été fait prisonnier. Le général du génie Haxo, qui avait été envoyé en mission auprès du général Vandamme, se trouvant dans ce moment avec ce général, a été fait également prisonnier. L’élite de la garde russe a été tuée dans cette affaire.
Le 3, l’empereur a été coucher au château de Harta, sur la route de Silésie; et le 4, au village de Hochkirch (au-delà de Bautzen). Depuis le départ de S. M. de Lœwenberg, des évènements importants s’étaient passés en Silésie.

Le duc de Tarente, à qui l’empereur avait laissé le commandement de l’armée de Silésie, avait fait de bonnes dispositions pour poursuivre les alliés, et les chasser de Jauer: l’ennemi était poussé de toutes ses positions; ses colonnes étaient en pleine retraite: le 26, le duc de Tarente avait pris toutes ses mesures pour le faire tourner; mais dans la nuit du 26 au 27, le Bober et tous les torrents qui y affluent débordèrent; en moins de sept à huit heures, les chemins furent couverts de trois à quatre pieds d’eau et tous les ponts emportés. Nos colonnes se trouvèrent isolées entre elles. Celle qui devait tourner l’ennemi ne put arriver. Les alliés s’aperçurent bientôt de ce changement de circonstances.
Le duc de Tarente employa les journées du 28 et du 29 à réunir ses colonnes séparées par l’inondation. Elles parvinrent à regagner Bunzlau, où se trouvait le seul pont qui n’eût pas été emporté par les eaux du Bober. Mais une brigade de la division Puthod ne put pas y arriver. Au lieu de chercher à se jeter du côté des montagnes, le général voulut revenir sur Lœwenberg. Là, se trouvant entouré d’ennemis et la rivière à dos, après s’être défendu de tous ses moyens, il a dû céder au nombre. Tout ce qui savait nager dans ses deux régiments se sauva; on en compte environ sept à huit cents: le reste fut pris.
L’ennemi nous a fait dans ces différentes affaires trois à quatre mille prisonniers, et nous a pris deux aigles de deux régiments, avec les canons de la brigade.
Après ces circonstances qui avaient fatigué l’armée, elle repassa successivement le Bober, la Queiss et la Neisse. L’empereur la trouva le 4 sur les hauteurs de Hochkirch. Il fit, le soir même, réattaquer l’ennemi, le fit débusquer des hauteurs du Wohlenberg, et le poursuivit pendant toute la journée du 5, l’épée dans les reins, jusqu’à Goerlitz. Le général Sébastiani exécuta des charges de cavalerie a Reichenbach, et fit des prisonniers.

L’ennemi repassa en toute hâte la Neisse et la Queiss, et notre armée prit position sur les hauteurs de Goerlitz, au-delà de la Neisse.
Le 6, à sept heures du soir, l’empereur était de retour à Dresde.
Le conseil de guerre du troisième corps d’armée a condamné à la peine de mort le général de brigade Jomini, chef d’état-major de ce corps, qui, du quartier-général de Liegnitz, a déserté à l’ennemi au moment de la rupture de l’armistice.