1813 – Deuxième Bulletin de la Grande Armée
3 mai 1813.
L’empereur, à la pointe du jour du 3, avait parcouru le champ de bataille. À dix heures, il s’est mis en marche pour suivre l’ennemi. Son quartier-général, le 3 au soir, était à Pegau. Le vice-roi avait son quartier-général à Wichstanden, à mi-chemin de Pegau à Borna. Le comte Lauriston, dont le corps n’avait pas pris part à la bataille, était parti de Leipsick, pour se porter sur Zwemkau où il était arrivé. Le duc de Raguse avait passé l’Elster au village de Lietzkowitz, et la comte Bertrand l’avait passé au village de Gredel. Le prince de la Moskwa était resté en position sur le champ de bataille. Le duc de Reggio, de Naumbourg devait se porter sur Zeist.
L’empereur de Russie et le roi de Prusse avaient passé par Pegau dans la soirée du 2, et étaient arrivés au village de Loberstedt à onze heures du soir ; ils s’y étaient reposés quatre heures, et en étaient partis le 3, à trois heures du matin, se dirigeant sur Borna.
L’ennemi ne revenait pas de son étonnement de se trouver battu dans une si grande plaine, par une armée ayant une si grande infériorité de cavalerie. Plusieurs colonels et officiers supérieurs faits prisonniers, assurent qu’au quartier-général ennemi, on n’avait appris la présence de l’empereur à l’armée, que lorsque la bataille était engagée ; ils croyaient tous l’empereur à Erfurt.
Comme cela arrive toujours dans de pareilles circonstances, les Prussiens accusent les Russes de ne pas les avoir soutenus ; les Russes accusent les Prussiens de ne s’être pas bien battus. La plus grande confusion règne dans leur retraite. Plusieurs de ces prétendus volontaires qu’on lève en Prusse, ont été faits prisonniers ; ils font pitié.
Tous déclarent qu’ils ont été enrôlés de force, et sous peine de voir les biens de leur famille confisqués.
Les gens du pays disent que le prince de Hesse-Hombourg a été tué : que plusieurs généraux russes et prussiens ont été tués ou blessés ; le prince de Mecklenbourg-Strelitz aurait également été tué ; mais toutes ces nouvelles ne sont encore que des bruits du pays.
La joie de ces contrées d’être délivrées des cosaques ne peut se décrire. Les habitants parlent avec mépris de toutes les proclamations et de toutes les tentatives qu’on a faites pour les engager à s’insurger.
L’armée russe et prussienne était composée du corps des généraux prussiens York, Blücher et Bülow ; de ceux des généraux russes Wittgenstein, Wintzingerode, Miloradowitch et Tormazow. Les gardes russes et prussiennes y étaient. L’empereur de Russie, le roi de Prusse, le prince-royal de Prusse, tous les princes de la maison de Prusse étaient à la bataille.
L’armée combinée russe et prussienne est évaluée de cent cinquante à deux cent mille hommes. Tous les cuirassiers russes y étaient, et ont beaucoup souffert.