1812- Troisième Bulletin de la Grande Armée
Kowno, le 26 juin 1812.
Le 23 juin, le roi de Naples[1], qui commande la cavalerie, porta son quartier-général à deux lieues du Niémen sur la rive gauche. Ce prince a sous ses ordres immédiats les corps de cavalerie commandés par les généraux comte Nansouty[2] et Montbrun[3] ; l’un composé des divisions aux ordres des généraux comte Bruyère[4], Saint-Germain[5] et Valence[6] ; l’autre composé des divisions aux ordres du général baron Vattier[7] et des généraux comtes Sébastiani[8] et Defrance[9].
Le maréchal prince d’Eckmühl, commandant le 1er corps, porta son quartier général au débouché de la grande forêt de Silwisky.
Le 2e corps et la Garde impériale suivirent le mouvement du 1er corps.
Le 3e corps se dirigea par Marienpol. Le vice-roi, avec les 4e et 6e corps, restés en arrière, se porta sur Kalwarry.
Le roi de Westphalie se porta sur Novogorod avec les 5e, 7e et 8e corps.
Le 1er corps d’Autriche, commandé par le prince Schwarzenberg[10], quitta Lemberg le….. fit un mouvement sur sa gauche et s’approcha de Lublin.
L’équipage de ponts, sous les ordres du général Éblé, arriva le 23 à deux lieues du Niémen.
Le 28, à trois heures du matin, l’Empereur arriva aux avant-postes près de Kowno[11], prit une capote et un bonnet polonais d’un des chevau-légers, et visita les rives du Niémen, accompagné seulement du général du génie Haxo[12].
À huit heures du soir, l’armée se mit en mouvement. À dix heures, le général de division comte Morand[13] fit passer trois compagnies de voltigeurs, et au même moment, trois ponts furent jetés sur le Niémen. À onze heures, trois colonnes débouchèrent sur les trois ponts. À une heure un quart, le jour commençait déjà à paraître. À midi, le général baron Pajol[14] chassa devant lui une nuée de Cosaques et fit occuper Kowno par un bataillon.
Le 24, l’Empereur se porta à Kowno. Le maréchal prince d’Eckmühl porta son quartier-général à Romuchiki, et le roi de Naples à Eketanoui.
Pendant toute la journée du 24 et celle du 25, l’armée défila sur les trois ponts. Le 24 au soir, l’Empereur fit jeter un nouveau pont sur le Vilia[15], vis-à-vis de Kowno et fit passer le maréchal duc de Reggio avec le 2e corps. Les chevau-légers polonais de la Garde passèrent à la nage. Deux hommes se noyaient lorsqu’ils furent sauvés par des nageurs du 26e léger. Le colonel Gheheneuc[16] s’étant imprudemment exposé pour les secourir, périssait lui-même ; un nageur de son régiment le sauva.
Le 25 le duc d’Elchingen se porta à Kormelo, le roi Naples se porta à Juromoni. Les troupes légères de l’ennemi furent chassées de tous côtés.
Le 26, le maréchal duc de Reggio arriva à Janow ; le maréchal duc d’Elchingen arriva à Skomouli. Les divisions légères de cavalerie couvrirent toute la plaine jusqu’à dix lieues de Wilna.
Le 24, le maréchal duc de Tarente[17], commandant le 10e corps, ayant sous ses ordres les divisions Heudelet[18], Lagrange[19], Durutte[20], Partouneaux[21], occupe le pays entre l’Elbe et l’Oder.
Le général de division comte Rapp[22], gouverneur de Danzig, a sous ses ordres la division Daendels[23].
Le général de division Hogendorp[24] est gouverneur de Königsberg.
L’Empereur de Russie est à Wilna avec sa Garde et une partie de son armée, occupant Ronokoutini et Newtrowski.
Le général russe Bagavout[25], commandant le 2e corps, et une partie de l’armée russe coupée de Wilna, n’ont trouvé leur salut qu’en se dirigeant sur la Dwina.
Le Niémen est navigable pour des bateaux de 2 à 300 tonneaux jusqu’à Kowno. Ainsi les communications par eau sont assurées jusqu’à Danzig et avec la Vistule, l’Oder et l’Elbe. Un immense approvisionnement en eau-de-vie, en farine, en biscuit, file de Danzig et de Königsberg sur Kowno. La Vilia, qui passe à Wilna, est navigable. Wilna, capitale de la Lithuanie, l’est de toute la Pologne russe. L’Empereur de Russie est depuis plusieurs mois dans cette ville avec une partie de sa cour. L’occupation de cette place par l’armée française sera le premier fruit de la victoire. Plusieurs officiers de Cosaques et des officiers porteurs de dépêches ont été arrêtés par la cavalerie légère.
[1] Murat
[2] Étienne-Marie-Antoine Champion, comte de Nansouty (1768 – 1815), commandant le 1er corps de cavalerie.
[3] Louis-Pierre Montbrun (1770 – 1812), commandant le 2e corps de cavalerie. Il va être tué à la Moskowa.
[4] Pierre-Joseph Bruyères (1772 – 1813), commandant la 1e division de cavalerie légère.
[5] Antoine-Louis Decrest, comte de Saint-Germain (1761 – 1835), commandant la 1e division de cavalerie lourde.
[6] Jean-Baptiste-Cyrus-Marie-Adélaide de Timbrune de Thiembronne, comte de Valence (1757 – 1822), commandant la 5e division de cavalerie lourde.
[7] Pierre Wattier, comte de Saint-Alphone (1770 – 1846), commandant la 2e division de cavalerie légère.
[8] Horace-François-Bastien Sébastiani de la Porta (1172 – 1851), commandant la 2e division de cavalerie lourde.
[9] Jean-Marie-Antoine Defrance (1774 – 1855), commandant la 4e division de cavalerie lourde.
[10] Karl-Philipp Schwarzenberg (1771 – 1820), commandant le corps auxiliaire autrichien, fort de 27 bataillons, 44 escadrons et 60 canons.
[11] Aujourd’hui Kaunas
[12] François-Nicolas Haxo (1774 – 1838), commandant le génie du 1er corps d’armée.
[13] Charles-Antoine-LouisAlexis Morand (1771 – 1835), commandant la 1e division d’infanterie du 1er corps.
[14] Pierre-Claude Pajol (1772 – 1844), commandant la 1e brigade de cavalerie légère, de la cavalerie du 1er corps.
[15] Rivière qui, après avoir traversé Vilnius, rejoint le Niémen à Kaunas.
[16] Charles-Louis-Joseph-Olivier Guéhéneuc (1783 – 1843).
[17] Étienne-Jacques-Joseph-Alexandre Macdonald, duc de Tarente (1765 – 1840), commandant le 10e corps.
[18] Étienne Heudelet de Bierre (1770 – 1857),
[19] Joseph-Louis Lagrange (1716 – 1813)
[20] Pierre-François-Joseph Durutte (1767 – 1827)
[21] Louis Partouneaux (1770 – 1835)
[22] Jean Rapp (1771 – 1821)
[23] Herman Willem Daendels (1763 – 1818)
[24] Dirk von Hogendorp (1761 – 1822)
[25] Karl Fiodorovitch Baggovout (1761 – 1812), commandant le 2e corps d’infanterie de la 1e Armée de l’Ouest de Barclay de Tolly. Il sera tué le 18 octobre, à Winkowo.
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