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Au quartier-général de Burghausen, le 30 avril 1809.
L’Empereur est arrivé le 27, à six heures du soir à Muhldorf. S.M. a envoyé la division du général de Wrede à Lauffen, sur l’Alza, pour tâcher d’atteindre le corps que l’ennemi avait dans le Tyrol, et qui battait en retraite à marches forcées. Le général de Wrede arriva le 28 à Lauffen, rencontra l’arrière-garde ennemie, prit ses bagages, et lui fit bon nombre de prisonniers ; mais l’ennemi eut le temps de passer la rivière et brûla le pont. Le 2, le duc de Dantzick arriva à Wanesburg, et le 28 à Altenmarck. Le 29, le général de Wrede, avec sa division, continua sa marche sur Salzbourg : à trois lieues de cette ville, sur la route de Lauffen, il trouva des avant-postes de l’armée ennemie. Les Bavarois les poursuivirent l’épée dans les reins, et entrèrent pêle-mêle avec eux dans Salzbourg. Le général de Wrede assure que la division du général Jellachich est entièrement dispersée. Ainsi, ce général a porté la peine de l’infâme proclamation par laquelle il a mis le poignard aux mains des Tyroliens. Les Bavarois ont fait 500prisonniers. On a trouvé à Salzbourg des magasins assez considérables. Le 28, à la pointe du jour, le duc d’Istrie arriva à Burghausen, et posta une avant-garde sur la rive droite de l’Inn. Le même jour, le duc de Montebello arriva à Burghausen. Le comte Bertrand disposa tout pour raccommoder le pont que l’ennemi avait brûlé. La crue de la rivière, occasionnée par la fonte des neiges, mit quelque retard au rétablissement du pont. Toute la journée du 29 fut employée à ce travail. Dans la journée du 30, le pont a été rétabli et toute l’armée a passé. Le 28, un détachement de 50 chasseurs, sous le commandement du chef d’escadron Margaron, est arrivé à Dittmaning, où il a rencontré un bataillon de la fameuse landwerh, qui, à son approche, se jeta dans un bois. Le chef d’escadron Margaron l’envoya sommer ; après s’être longtemps consultés, 1000 hommes de ces redoutables milices, postés dans un bois fourré et inaccessible à la cavalerie, se sont rendus à 50 chasseurs. L’Empereur voulut les voir ; ils faisaient pitié ; ils étaient commandes par de vieux officiers d’artillerie, mal armés et plus mal équipés encore. Le génie arrogant et farouche de l’Autrichien s’était entièrement découvert dans le moment de fausse prospérité, dont leur entrée à Munich les avait éblouis. Ils feignirent de caresser les Bavarois ; mais les griffes du tigre reparurent bientôt. Le bailli de Muhldorf a été arrêté par eux et fusillé. Un bourgeois de Muhldorf, nommé Stark, qui avait mérité une distinction du roi de Bavière, pour les services qu’il avait rendus à ses troupes dans la dernière guerre, a été arrêté et conduit à Vienne pour y être jugé. A Burghausen, la femme du bailli, comte d’Armansperg, est venue supplier l’Empereur de lui faire rendre son mari que les Autrichiens ont emmené à Lintz, et de-là à Vienne, sans qu’on en ait entendu parler depuis. La raison de ce mauvais traitement est qu’en 1805, il lui fut fait des réquisitions auxquelles il n’obtempéra point. Voilà le crime dont les Autrichiens lui ont gardé un si long ressentiment, et dont ils ont tiré cette injuste vengeance. Les Bavarois feront sans doute un récit de toutes les vexations et des violences que les Autrichiens ont exercées envers eux, pour en transmettre la mémoire à leurs enfants, quoiqu’il soit probable que c’est pour la dernière fois que les Autrichiens ont insulté aux alliés de la France. Des intrigues ont été ourdies par eux, en Tyrol et en Westphalie, pour exciter les sujets à la révolte contre leurs princes. Levant des armées nombreuses divisées en corps comme l’armée française, marchant au pas accéléré pour singer l’armée française, faisant des bulletins, des proclamations, des ordres du jour, et singeant encore en cela l’armée française, ils ne représentent pas mal l’âne qui, couvert de la peau du lion, cherche à l’imiter ; mais le bout de l’oreille se laisse apercevoir, et le naturel l’emporte toujours. L’empereur d’Autriche a quitté Vienne, et a signé en partant une proclamation, rédigée par Gentz, dans le style et l’esprit des plus sots libelles. Il s’est porté à Scharding, position qu’il a choisie, précisément pour n’être nulle part, ni dans sa capitale pour gouverner ses États, ni au camp ou il n’eût été qu’un inutile embarras. Il est difficile de voir un prince plus débile et plus faux. Lorsqu’il a appris les suites de la bataille d’Eckmühl, il a quitté les bords de l’Inn et est rentré dans le sein de ses États. La ville de Scharding, que le duc de Rivoli a occupée, a beaucoup souffert. Les Autrichiens en se retirant ont mis le feu à leurs magasins et ont brûlé la moitié de la ville qui leur appartenait. Sans doute qu’ils avaient le pressentiment, et qu’ils ont adopté l’adage, que ce qui leur appartenait ne leur appartiendra plus.