TRENTIÈME BULLETIN.

 

Vienne, le 30 juillet 1809.

Le 9e corps que commandait le prince de Ponte-Corvo a été dissous le 8. Les Saxons qui en faisaient partie sont sous les ordres du général Regnier. Le prince de Ponte-Corvo est allé prendre les eaux. Dans la bataille de Wagram, le village de Wagram a été enlevé le 6, entre dix et onze heures du matin, et la gloire en appartient toute entière au maréchal Oudinot et à son corps. D’après tous les renseignements qui ont été pris, la maison d’Autriche se préparait à la guerre depuis près de quatre ans, c’est-à-dire, depuis la paix de Presbourg. Son état militaire lui a coûté, pendant trois années, 300 millions de francs chaque année. Aussi son papier-monnaie, qui ne se montait qu’à un milliard de francs lors de la paix de Presbourg, passe-t-il aujourd’hui deux milliards. La maison d’Autriche est entrée en campagne avec soixante-deux régiments de ligne, dix-huit régiments de frontières, quatre corps francs ou légions, ayant ensemble un présent sous les armes de trois cent-dix mille hommes ; cent cinquante bataillons de landwehr, commandes par d’anciens officiers, et exercés pendant dix mois, formant cent cinquante mille hommes ; quarante mille hommes de l’insurrection hongroise, et soixante mille hommes de cavalerie, d’artillerie et de sapeurs ; ce qui a porté ses forces réelles de cinq à six cent mille hommes. Aussi la maison d’Autriche se croyait-elle sure de la victoire. Elle espérait balancer les destins de la France, lors même que toutes nos forces auraient été réunies, et elle ne doutait pas qu’elle ne s’avançât sur le Rhin, sachant que la majeure partie de nos troupes et nos plus beaux régiments étaient eu Espagne. Cependant ses armées sont aujourd’hui réduites à moins du quart, tandis que l’armée française est double de ce qu’elle était à Ratisbonne. Ces efforts, la maison d’Autriche n’a pu les faire qu’une fois. C’est un miracle attaché au papier monnaie. Le numéraire est si rare, que l’on ne croit pas qu’il y ait dans les États de cette monarchie soixante millions de francs en espèces. C’est ce qui soutient le papier-monnaie, puisque près de deux milliards qui, moyennant la réduction au tiers, ne valent que 6 à 700 millions, ne sont que le signe nécessaire à la circulation. On a trouvé dans la citadelle de Gratz vingt-deux pièces de canon. La forteresse de Sachsenbourg, située aux débouchés du Tyrol, a été remise au général Rusca. Le duc de Dantzick est entré en Tyrol avec vingt-cinq mille hommes. Il a occupé, le 28, Lovers, et il a partout désarmé les habitants. Il doit en ce moment être à Inspruck. Le général Thielman est entré à Dresde. Le duc d’Abrantès est à Bayreuth. Il a établi ses postes sur la frontière de la Bohême.