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Ebersdorf, le 4 juin 1809
L’ennemi avait jeté sur la rive droite du Danube, vis-à-vis Presbourg, une division de neuf mille hommes, qui s’était retranchée dans Le village d’Engerau. Le duc d’Auerstaedt l’a fait attaquer hier par les tirailleurs de Hesse-Darmstadt, soutenus par le 12e régiment d’infanterie de ligne. Le village a été emporté avec rapidité. Un major, huit officiers du régiment de Beaulieu, parmi lesquels se trouve le petit-fils de ce feld-maréchal, et quatre cents hommes ont été pris. Le reste du régiment a été tué, ou bless, ou jeté dans l’eau. Ce qui restait de la division a trouvé protection dans une île pour repasser le fleuve. Les tirailleurs de Hesse-Darmstadt se sont très bien battus. Le vice-roi a aujourd’hui son Quartier-général à OEdenbonrg. Les effets les plus précieux de la cour ont été transportés de Bude à Peterwaradin. où l’impératrice s’est retirée. Le duc de Raguse est arrivé à Laybach. Le général Macdonald est maître de Grats. Il cerne la citadelle qui fait mine de résister. A la bataille d’Eslling, le général de brigade Foulers, blessé dans une charge, fut précipité de son cheval, et le général de division Durosnel, aide-de-camp de l’Empereur, portant un ordre à la division de cuirassiers qui chargeait, avait aussi été renversé. Nous avons eu la satisfaction d’apprendre que ces deux généraux et cent-cinquante soldats que nous croyions avoir perdus, ne sont que blessés et étaient restés dans les blés, lorsque l’Empereur, ayant appris que les ponts du Danube venaient de se rompre, ordonna de se concentrer entre Essling et Gross-Aspern. Le Danube baisse : cependant la continuation des chaleurs fait encore craindre une crue.
Voici la suite des affaires qui ont eu lieu à l’armée du grand-duché de Varsovie. Après la prise du pont de Gora, l’ennemi ayant abandonné la rive droite de la Vistule, l’armée aux ordres du prince Poniatowski s’est divisée en deux colonnes, dont la première a remonté la Vistule jusqu’à Pulawy, et l’autre s’est portée par Orieck, Zelechow, jusqu’à Kock. Le 14, le prince Poniatowski est entré à Lublin, et le lendemain, il a marché vers Sendomir. Une partie de l’armée est entrée à Przeworsk. Par ce mouvement, la communication de Lemberg avec Cracovie a été coupée. Le général Rozniecki, à la tête de quatre-cents hommes de cavalerie, a fait, dans différens combats, sept-cent dix prisonniers, au nombre desquels se trouvent un major et neuf officiers. Le même détachement s’est emparé d’un transport considérable d’armes, de souliers et de draps. Profitant de l’inaction de l’ennemi, qui avait pris une position sur la Bzura, le prince Poniatowski a jugé à propos de faire attaquer la tête de pont de Sendomir et la ville même, où l’ennemi avait pratiqué de très forts retranchements. Cette opération à pleinement réussi. La tête de pont a été enlevée, le 18 mai, à la baïonnette, par le chef d’escadron Wladimir Potocki, et la ville, vivement attaquée par le général Sokolnicki, a capitulé dans la nuit du même jour. L’ennemi a perdu mille hommes tués et douze-cents prisonniers, vingt pièces de canon et des magasins considérables. La cavalerie du prince Poniatowski s’étend jusqu’à Leopol et pousse jusques vers Cracovie. Elle a délivré trois-mille hommes qui avaient été levés par force. Les Galiciens donnent tous les jours de nouvelles preuves de la haine dont ils sont animés contre l’Autriche. Pendant que ces choses se passaient en Galicie, le général Dombrowski repoussait partout l’ennemi sur la Basse-Vistule. Le 14, Thorn avait été attaqué. La tête de pont n’était pas en état de défense. La garnison brûla la partie du pont qui y communique : elle s’établit dans l’île. Ce mouvement a été fait après une affaire qui a coûté beaucoup de monde à l’ennemi, qui n’ayant pas de moyens pour passer le fleuve, et voyant la bonne contenance de la ville, a renoncé à son entreprise. Le 15, le passage de la Vistule, sous Plock, a été tenté par l’ennemi, qui a été repoussé avec perte, et forcé de brûler ses bateaux qu’il avait rassemblés. Du 16 au 23, le général Dombrowski a attaqué l’ennemi depuis Bromberg jusqu’à Czentochow, l’a repoussé vivement en avant de Bromberg, a mis les deux places de Czentochow et de Thorn à l’abri de toute entreprise, et a assuré sa communication avec la dernière de ces villes par Inowraclaw.