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Au quartier-général de Mulhdorf, le 27 avril 1809.
Le 22, lendemain du combat de Landshut, l’Empereur partit de cette ville pour Ratisbonne, et livra la bataille d’Eckmühl. En même temps, il envoya le maréchal duc d’Istrie avec la division bavaroise aux ordres du général de Wrede, et la division Molitor, pour se porter sur l’Inn, et poursuivre les deux corps d’armée autrichiens battus à la bataille d’Abensberg et au combat de Landshut. Le maréchal duc d’Istrie arrivé successivement à Wilsbiburg et à Neumarck, y trouva un équipage de pont attelé, plus de 400 voitures, des caissons et des équipages, et fit dans sa marche 15 à 1800 prisonniers. Les corps autrichiens trouvèrent au-delà.de Neumarck un corps de réserve qui arrivait sur l’Inn ; ils s’y rallièrent, et le 25 livrèrent à Neumarck un combat où les Bavarois, malgré leur extrême infériorité, conservèrent leurs positions. Le 24, l’Empereur avait dirigé le corps du maréchal duc de Rivoli, de Ratisbonne sur Straubing, et de là sur Passau, où il arriva le 26. Le duc de Rivoli fit passer l’Inn au bataillon du Pô, qui fit 300 prisonniers, débloqua la citadelle et occupa Scharding. Le 25, le maréchal duc de Montebello avait eu ordre de marcher avec son corps de Ratisbonne sur Mulhdorf. Le 27, il passa l’Inn et se porta sur la Salza. Aujourd’hui 27, l’Empereur a son quartier-général à Mulhdorf. La division autrichienne, commandée par le général Jellachich qui occupait Munich, est poursuivie par le corps du duc de Dantzick. Le roi de Bavière s’est montré de sa personne à Munich. Il est retourné ensuite à Augsbourg où il restera encore quelques jours, attendant pour rétablir fixement sa résidence à Munich, que la Bavière soit entièrement purgée des partis ennemis. Cependant du côté de Ratisbonne, le duc d’Auerstaedt s’est mis à la poursuite du prince Charles qui, coupé de ses communications avec l’Inn et Vienne, n’a eu d’autre ressource que de se retirer dans les montagnes de Bohême par Waldmunchen et Cham. Quant à l’empereur d’Autriche, il paraît qu’il était devant Passau, s’étant chargé d’assiéger cette place avec trois bataillons de la landwerh. Toute la Bavière, le Palatinat sont délivrés de la présence des armées ennemies. A Ratisbonne, l’Empereur a passé la revue de plusieurs corps, et s’est fait présenter les plus braves soldats auxquels il a donné des distinctions et des pensions, et les plus braves officiers auxquels il a donné des baronnies et des terres. Il a spécialement témoigné sa satisfaction aux divisions Saint-Hilaire et Friant. Jusqu’à cette heure, l’Empereur a fait la guerre presque sans équipages et sans garde : et l’on a remarqué qu’en l’absence de sa garde, il avait toujours eu autour de lui des troupes alliées bavaroises et wurtembergeoises, voulant par là leur donner une preuve particulière de confiance. Hier sont arrives à Landshut une partie des chasseurs et grenadiers à cheval de la garde, le régiment de fusiliers et un bataillon de chasseurs, à pied. D’ici à huit jours toute la garde sera arrivée. On a fait courir le bruit que l’Empereur avait eu la jambe cassée. Le fait est qu’une balle morte a effleuré le talon de la botte de S M., mais n’a pas même altéré la peau. Jamais S.M., au milieu des plus grandes fatigues, ne s’est mieux portée. On remarque comme un fait singulier qu’un des premiers officiers autrichiens faits prisonniers dans cette guerre, se trouve être l’aide-de-camp du prince Charles envoyé à M. Otto pour lui remettre la fameuse lettre portant que l’armée française eût à s’éloigner. Les habitants.de Ratisbonne s’étant très bien comportés et ayant montré l’esprit patriotique et confédéré que nous étions en droit d’attendre d’eux, S.M. a ordonné que les dégâts qui avaient été faits, seraient réparés à ses frais, et particulièrement la restauration des maisons incendiées, dont la dépense s’élèvera à plusieurs millions. Tous les souverains et tous les pays de la Confédération montrent l’esprit le plus patriotique. Lorsque le ministre d’Autriche à Dresde remit la déclaration de sa coup au roi de Saxe, ce prince ne put retenir sou indignation. “Vous voulez la guerre, dit le roi, et contre qui? Vous attaquez, et vous invectivez celui qui, il y a trois ans, maître de votre sort, vous a restitué vos États. Les propositions que l’on me fait m’affligent ; mes engagements sont connus de toute l’Europe ; aucun prince de la Confédération ne s’en détachera.” Le grand-duc de Wurtzbourg, frère de l’empereur d’Autriche, a montré les mêmes sentiments, et a déclaré que si les Autrichiens avançaient sur ses États, il se retirerait, s’il le fallait, au-delà du Rhin : tant l’esprit de vertige et les injures de la cour de Vienne sont généralement appréciés! Les régiments des petits princes, toutes les troupes alliées demandent à l’envi à marcher à l’ennemi. Une chose notable et que la postérité remarquera comme une nouvelle preuve de l’insigne mauvaise foi de la maison d’Autriche, c’est que le même jour qu’elle faisait écrire au roi de Bavière la lettre ci-jointe, elle faisait publier dans le Tyrol la proclamation signée du général Jellachich : le même jour on proposait au roi d’être neutre et on insurgeait ses sujets. Comment concilier cette contradiction, ou plutôt comment justifier cette infamie?
Lettre adressée le 9 avril par L’archiduc Charles à S. A.I. le roi de Bavière, et insérée dans le premier bulletin de l’armée autrichienne.
Sire,
J’ai l’honneur de prévenir V. M., que, d’après la déclaration que S.M. l’empereur d’Autriche a fait remettre à l’Empereur Napoléon, j’ai reçu l’ordre d’entrer en Bavière avec les troupes sous mon commandement, et de traiter comme ennemis ceux qui opposeraient de la résistance. Je souhaite ardemment, Sire, que vous écoutiez le désir de votre peuple, qui ne voit en nous que ses libérateurs. On a donné les ordres les plus sévères, afin que, jusqu’à ce que V. M. ait fait connaître ses intentions à cet égard, il ne soit exercé d’hostilités que contre l’ennemi de toute indépendance politique en Europe. Il me serait très douloureux de tourner mes armes contre les troupes de V. M., et de rejeter sur vos sujets les maux d’une guerre entreprise pour la liberté générale, et dont le premier principe exclut ainsi tout projet de conquête : mais que si la force des circonstances entraînait V. M. à une condescendance qui serait incompatible avec votre dignité et le bonheur de votre peuple, je vous prie cependant d’être convaincu que mes soldats maintiendront dans toutes les circonstances la sûreté de V. M. R., et je vous invite, Sire, à vous confier à l’honneur de mon souverain et à la protection de ses armes.
Proclamation.
Donawerth, le 17 avril 1809
Soldats, Le territoire de la Confédération a été violé. Le général autrichien veut que nous fuyions à l’aspect de ses armes, et que nous lui abandonnions nos alliés. J’arrive avec la rapidité de l’éclair. Soldats, j’étais entouré de vous lorsque le souverain d’Autriche vint à mon bivouac de Moravie ; vous l’avez entendu implorer ma clémence et me jurer une amitié éternelle. Vainqueurs dans trois guerres, l’Autriche a dû tout à notre générosité ; trois fois elle a été parjure!!! Nos succès passés nous sont un sûr garant de la victoire qui nous attend. Marchons donc, et qu’à notre aspect l’ennemi reconnaisse son vainqueur.
Signé, NAPOLÉON.
Ordre du jour.
Soldats!
Vous avez justifié mon attente ; vous avez suppléé au nombre, par votre bravoure ; vous avez glorieusement marqué la différence qui existe entre les soldats de César? et les cohues armées de Xexcès. En peu de jours nous avons triomphé dans les trois batailles de Tann, d’Abensberg et d’Eckmühl, et dans les combats de Peissing, Landshut et de Ratisbonne. 100 pièces de canon, 40 drapeaux, 50,000 prisonniers, trois équipages attelés, 3,000 voitures attelées portant les bagages, toutes les caisses des régiments, voilà le résultat de la rapidité de vos marches et de votre courage. L’ennemi enivré par un cabinet parjure, paraissait ne plus conserver aucun souvenir de vous ; son réveil a été prompt ; vous lui avez apparu plus terribles que jamais. Naguères il a traversé l’Inn et envahi le territoire de nos alliés ; naguère il se promettait de porter la guerre au sein de notre patrie. Aujourd’hui, défait, épouvanté, il fuit en désordre, déjà mon avant-garde a passé l’Inn ; avant un mois nous serons à Vienne. De notre quartier-général impérial de Ratisbonne, le 24 avril 1809.
Signé, NAPOLÉON.