1806 – Quatorzième Bulletin de la Grande Armée
Dessau, 22 octobre 1806
Le maréchal Davout est arrivé le 20 à Wittenberg et a surpris le pont sur l’Elbe au moment où l’ennemi y mettait le feu.
Le maréchal Lannes est arrivé à Dessau; le pont était brûlé; il a fait travailler sur-le-champ à le réparer.
Le marquis de Lucchesini s’est présenté aux avant-postes avec une lettre du roi de Prusse. L’Empereur a envoyé le grand maréchal de son palais, Duroc, pour conférer avec lui.
Magdeburg est bloqué. Le général de division Legrand, dans sa marche sur Magdeburg, a fait quelques prisonniers. Le maréchal Soult a ses postes autour de la ville. Le grand-duc de Berg y a envoyé son chef d’état-major, le général Belliard. Ce général y a vu le prince de Hohenlohe. Le langage des officiers prussiens était bien changé; ils demandent la paix à grands cris :
« Que veut votre Empereur, nous disent-ils, nous poursuivra-t-il toujours l’épée les reins ? Nous n’avons pas un moment de repos depuis la bataille. »
Ces messieurs étaient sans doute accoutumés aux manœuvres de la guerre de Sept Ans. Ils voulaient demander trois jours pour enterrer les morts.
« Songez aux vivants, a répondu l’Empereur, et laissez-nous le soin d’enterrer les morts; il n’y a pas besoin de trêve pour cela »
La confusion est extrême dans Berlin; tous les bons citoyens gémissaient de la fausse direction donnée à la politique de leur pays, reprochent avec raison aux boute-feux excités par l’Angleterre les tristes effets de leurs menées. Il n’y a qu’un cri contre la la Reine dans tout le pays.
Il parait que l’ennemi cherche à se rallier derrière l’Oder.
Le souverain de Saxe a remercié l’Empereur de la générosité avec laquelle il l’a traité, et qui va l’arracher à l’influence prussienne. Cependant bon nombre de ses soldats ont péri dans toute cette bagarre.
Le quartier général était le 21 à Dessau.