1806 – Quarante-Sixième Bulletin de la Grande Armée

Golymin, 28 décembre 1806

Le maréchal Ney, chargé de manœuvrer pour détacher le lieutenant général prussien l’Estocq de la Wkra, déborder et menacer ses communications, et pour le couper des Russes, a dirigé ses mouvements avec son habileté et son intrépidité ordinaires. Le 23, la division Marchand se rendit à Gurzno. Le 24, l’ennemi a été poursuivi jusqu’à Kuczborg. Le 25, l’arrière-garde de l’ennemi a été entamée. Le 26, l’ennemi s’étant concentré à Soldau et Mlawa, le maréchal Ney résolut de marcher à lui et de l’attaquer. Les Prussiens occupaient Soldau avec 6,000 hommes d’infanterie et un millier d’hommes de cavalerie; ils comptaient, protégés par les marais et les obstacles qui environnent cette ville, être à l’abri de toute attaque. Tous ces obstacles ont été surmontés par les 69e et 76e. L’ennemi s’est défendu dans toutes les rues, et a été repoussé partout à coups de baïonnette. Le général l’Estocq, voyant le petit nombre de troupes qui l’avaient attaqué voulut reprendre la ville. Il fit quatre attaques successives pendant la nuit, dont aucune ne réussit. Il se retira à Neidenburg. Six pièces de canon, quelques drapeaux, un assez bon nombre de prisonniers, ont été le résultat du combat de Soldau. Le maréchal Ney se loue du général Von der Weid, qui a été blessé. Il fait une mention particulière du colonel Brun, du 69e, qui s’est fait remarquer par sa bonne conduite. Le même jour, le 59e a été poussé sur Lautenburg.

Pendant le combat de Soldau, le général Marchand, avec sa division, repoussait l’ennemi de Mlawa, où il eut un très-brillant combat. 

Le maréchal Bessières - Raffet - Marco Saint-Hilaire
Le maréchal Bessières, duc d’Istrie- Raffet – Marco Saint-Hilaire

Le maréchal Bessières avec le second corps de la réserve de cavalerie, avait occupé Biezun dès le 19. L’ennemi, reconnaissant l’importance de cette position, et sentant que la gauche de l’armée française voulait séparer les Prussiens des Russes, tenta de reprendre ce poste; ce qui donna lieu au combat de Biezun. Le 23, à huit heures, il déboucha par plusieurs routes. Le maréchal Bessières avait placé les deux seules compagnies d’infanterie qu’il avait, près du pont. Voyant l’ennemi venir en très-grande force, il donna ordre au général Grouchy de déboucher avec sa division. L’ennemi était déjà maître du village de Karniszyn et y avait jeté un bataillon d’infanterie.

Chargée par la division Grouchy, la ligne ennemie fut rompue. La cavalerie ennemie et son infanterie, fortes de 8,000 hommes, ont été enfoncées et jetées dans les marais; 500 prisonniers, 5 pièces de mon, 2 étendards, sont le résultat de cette charge. Le maréchal Bessières se loue beaucoup du général Grouchy, du général Roget, et de son chef d’état-major, le général Roussel. Le chef d’escadron Renié, du 6e régiment de dragons, s’est distingué. M. Launay, capitaine de la compagnie d’élite du même régiment, a été tué.

M. Bouran, aide de camp du maréchal Bessières, a été blessé. Notre perte est, du reste, peu considérable. Nous avons eu 8 hommes tués et une vingtaine de blessés. Les deux étendards ont été pris par le dragon Plet, du 6e régiment de dragons, et par le fourrier Jeuffoy, du 3e régiment.

Sa Majesté, désirant que le prince Jérôme eût occasion de s’instruire l’a fait appeler de Silésie. Ce prince a pris part à tous les combats qui ont eu lieu, et s’est trouvé souvent aux avant-postes.

Sa Majesté a été satisfaite de la conduite de l’artillerie pour l’intelligence et l’intrépidité qu’elle a montrées devant l’ennemi, soit dans la construction des ponts, soit pour faire marcher l’artillerie au milieu des mauvais chemins.

Le général Marulaz, commandant la cavalerie légère du 3e corps, le colonel Exelmans, du ler de chasseurs, et le général Petit, ont fait preuve d’intelligence et de bravoure.

Sa Majesté a recommandé que, dans les relations officielles des différentes affaires, on fît connaître un grand nombre de traits qui méritent de passer à la postérité; car c’est pour elle, et pour vivre éternellement dans sa mémoire, que le soldat français affronte tous les dangers et toutes les fatigues.