1806 – Neuvième Bulletin de la Grande Armée
Weimar, 17 Octobre 1806
La garnison d’Erfurt a défilé. On y a trouvé beaucoup plus de monde qu’on ne croyait. Il y a une grande quantité de magasins. L’Empereur a nommé le général Clarke gouverneur de la ville et citadelle d’Erfurt et du pays environnant. La citadelle d’Erfurt est un bel octogone bastionné, avec casemates, et bien armé. C’est une acquisition précieuse, qui nous servira de point d’appui au milieu de nos opérations.
On a dit dans le 5e bulletin qu’on avait pris 25 à 30 drapeaux : il y en a jusqu’ici 45 au quartier général ; il est probable qu’il y en aura plus de 60. Ce sont des drapeaux donnés par le grand Frédéric à ses soldats; celui du régiment des Gardes, celui du régiment de la Reine, brodé, des mains de cette princesse, se trouvent au nombre. Il parait que l’ennemi veut tâcher de se rallier sur Magdeburg. Mais pendant ce temps-là on marche de tous côtés. Les différents corps de l’armée sont à sa poursuite par différents chemins. A chaque instant arrivent des courriers annonçant que des bataillons entiers sont coupés, des pièces de canon prises, des bagages, etc.
L’Empereur est logé au palais de Weimar, où logeait quelques jours avant la reine de Prusse. Il parait que ce qu’on a dit d’elle est vrai; elle était ici pour souffler le feu de la guerre; c’est une femme d’une jolie figure, mais de peu d’esprit, incapable de présager les conséquences de ce qu’elle faisait. Il faut aujourd’hui, au lieu de l’accuser, la plaindre; car elle doit avoir bien des remords des maux qu’elle a faits à sa patrie et de l’ascendant qu’elle a exercé sur le Roi son mari, qu’on s’accorde à représenter comme parfaitement honnête homme, qui voulait la paix et le bien de ses peuples.