1805 – HUITIÈME BULLETINDE LA GRANDE ARMÉE

HUITIÈME BULLETIN [1]

 

Elchingen, 28 vendémiaire an XIV

(20 octobre 1805.)

 

     Voici les deux capitulations annoncées dans le Bulletin d’hier, conclues[2] par ordre du prince Murat, l’une signée par le chef d’état-major du prince Murat, l’autre par le général Fauconnet[3].

L’EMPEREUR a passé aujourd’hui 28, depuis deux heures après-midi jusqu’à sept heures du soir, sur la hauteur d’Ulm où l’armée autrichienne a défilé devant lui. Trente mille hommes, dont deux mille de cavalerie, soixante pièces de canon & quarante drapeaux ont été remis aux vainqueurs. L’armée française occupait les hauteurs. L’Empereur, entouré de sa garde, a fait appeler les généraux autrichiens ; il les a tenus auprès de lui jusqu’à ce que les troupes eussent défilé. Il les a traités avec les plus grands égards. Il y avait sept lieutenants-généraux, huit généraux & le général en chef Mack. On donnera dans le Bulletin suivant le nom des généraux & des régiments.

On peut donc évaluer le nombre des prisonniers faits depuis le commencement de la guerre à soixante mille, le nombre des drapeaux à quatre-vingts, indépendamment de l’artillerie, des bagages, &c. Jamais victoires ne furent plus complètes & ne coûtèrent moins. On croit que l’Empereur partira dans la nuit pour Augsbourg & Munich, après avoir expédié ses courriers.

 

Capitulation du général Wernek.

Il a été convenu entre M. le général de division Belliard[4], chef de l’état-major général de S.A.S. lr prince Murat, maréchal d’Empire, lieutenant de S.M. l’Empereur des Français & Roi d’Italie,

Et M. le lieutenant-général Wernek, commandeur & chambellan de S.M. l’Empereur d’Allemagne, & commandant un corps d’armée ;

     1°. Que le corps d’armée aux ordres de M. le lieutenant-général Wernek déposera les armes, sera prisonnier de guerre & envoyé en France.

     2°. Que MM. les officiers généraux & les officiers particuliers seront prisonniers de guerre sur parole & renvoyés en Autriche : ils ne pourront servir contre les armées françaises ou contre celles des alliés de S.M. l’Empereur & Roi Napoléon, qu’après avoir été échangés.

     3°. Que les chevaux de la cavalerie, les canons avec leurs attelages, ainsi que les caissons & munitions, seront remis à l’armée française.

     4°. Tous les régiments, bataillons, escadrons ou détachements qui se trouvent séparés du corps d’armée de M. le lieutenant général Wernek, déposeront aussi les armes, seront prisonniers de guerre, & les articles 2, 3 & 5 leur seront applicables.

     Observation du général Wernek. J’entends ce qui fait partie de mon corps.

     5°. Tous les chevaux & les équipages appartenant à MM. les officiers généraux & officiers particuliers leur seront laissés.

     6°. Tous les prisonniers de guerre français qui sont à Trotelfingen[5] ou dans les autres endroits occupés par des troupes du corps d’armée de M. le lieutenant-général Wernek seront rendus sur-le-champ.

     Trotelfingen, le 27 vendémiaire an 14 (19 octobre 1805.)

     Signé le général de division, chef d’état-maj. génér., BELLIARD.

     Signé WERNEK, lieut.-génér. & commandant d’un corps d’armée.

 

Capitulation du commandant de l’escorte des grands bagages de l’armée autrichienne.

 Cejourd’hui 26 vendémiaire an 14, M. le général de brigade Fauconnet, l’un des commandants de la légion d’honneur, & commandant les chasseurs du 13e & du 14e régiment du 5e corps de la grande armée française, & M. Locatelli, major du régiment de Hohenlohe dragons, ont conclu la capitulation ci-dessous, d’après la sommation faite par M. le général Fauconnet, audit M. Locatelli, de mettre bas les armes, avec le corps de cavalerie qu’il commandait pour l’escorte des grands bagages de l’armée autrichienne.

     Art. Ier. Tous les bagages, hussards & chevau-légers qui composent le détachement chargé de l’escorte de l’artillerie & des bagages de l’armée autrichienne, sont prisonniers de guerre & conduits en France : ils mettront en conséquence bas les armes, & livreront leurs chevaux aux régiments sous les ordres de M. le général Fauconnet.

     Réponse. Accordé.

II. MM. les officiers conserveront le cheval qu’ils montaient au moment où le corps a été pris ; ils auront le droit de conserver un valet à leur service, & il ne sera pas touché à leur équipage. Les soldats conserveront leurs effets.

     Réponse. Accordé un valet pour le major & MM. les capitaines, & un pour deux lieutenants ou sous-lieutenants.

III. Tous les petits corps d’infanterie & d’artillerie, également tournés par les troupes françaises & joints de plus près par la cavalerie de M. le général Fauconnet, sont prisonniers de guerre, livreront les canons, fourgons, caissons & armes, & MM. les officiers jouiront des mêmes avantages que ceux accordés aux officiers de cavalerie.

     Réponse. Accordé.

IV. MM. les officiers de cavalerie, artillerie & infanterie faits prisonniers & compris dans la présente capitulation, pourront se retirer dans leurs foyers, en donnant leur parole d’honneur par écrit de ne point servir contre l’armée de Sa Majesté impériale & royale & ses alliés, jusqu’à ce qu’ils soient échangés, ou jusqu’à la paix, si l’échange ne pouvait avoir lieu.

     Réponse. S.A.S. monseigneur le prince Murat est supplié d’accorder cette condition qui est soumise à son approbation.

Fait au quartier-général à Bottfingen[6], le 18 octobre 1805 (25 vendémiaire an 14.)

     Signé LOCATELLI, major. Le génér. de brig. Signé FAUCONNET.

Pour copie conforme :

Le général de division, chef de l’état-major de

S.A.S. le Prince Murat, Signé BELLIARD.


NOTES

[1] In : Mémorial administratif du département de l’Ourte, n° 294 du 5 brumaire an XIV (27.10.1805), p. 107-109. Liège : J.F. Desoer, 1806. (Mémorial administratif du département de l’Ourte ; IX).

[2] Sic.

[3] Jean-Louis Fauconnet (1750-1819). Général (1796). Baron de l’Empire (1808).

[4] Augustin-Daniel Belliard (1769-1832). Général (1796). Comte de l’Empire (1810). Grand-Officier de l’Empire, colonel-général des cuirassiers (1812). Pair de France (1814 ; 1819). Pair des Cent-Jours (1815).

[5] Lire : Trochtelfingen.

[6] Lire : Bopfingen, ville à l’ouest de Nordlingen et de Trochtelfingen, sur la route d’Aalen.