10-14 mai 1809 . Le siège et la prise de Vienne

Napoléon
Napoléon

Après la campagne des 5 jours (19-23 avril) qui voit les victoires de Thann, Abensberg, Landshut, Eckmühl et Ratisbonne, l’archiduc Charles est contraint de se replier sur la Bohème. Napoléon ne se lance pas à sa poursuite, mais donne à l’Armée d’Allemagne (la Grande Armée, créée à Boulogne le 29 août 1805, avait été dissoute le 12 mars 1808. Pour les opérations de 1809, les Bulletins font référence à l’Armée d’Allemagne) l’ordre de se diriger sur Vienne. C’est Masséna qui ouvre la marche, par Straubing et Linz. Il est suivi par Davout et Bernadotte. Napoléon prend par Landshut et Braunau, accompagné de la Garde, de Lannes et Vandamme, ainsi que de la cavalerie de Bessières. Ils repoussent devant eux le corps autrichien de Hiller, que Masséna défait le 6 mai à Ebelsberg. Hiller se replie sur Sankt Pölten, et repasse le Danube, avec deux tiers de son armée, à Mautern, envoyant le reste vers Vienne, sous le commandement de Nordman.

Les Français sont pressés d’arriver à Vienne, pour y devancer l’archiduc Charles. Le 9 mai, Oudinot couche à Sieghardskirchen, et la brigade Conroux atteint le faubourg de Mariahilf le 10 mai, après être passée par Steyr, Amstetten, Melk et Sankt Pölten.

Francois Ier d'Autriche
Francois Ier d’Autriche

A Vienne, on est inquiet. Dans les premiers jours de mai, la famille impériale avait quitté la capitale, dont les habitants, cependant, ne songent pas à se rendre.

« Tous les partis, toutes les nuances de la société semblaient maintenant unis dans la haine de l’arrogance du souverain français. Jeunes et vieux partageaient ce sentiment. La Cour et la noblesse, les bourgeois et les paysans, les fonctionnaires, les savants et les soldats, tous étaient animés de l’ardent désir de prouver que l’Autriche, après avoir subi tant de malheurs, n’était pas encore asservie ; chacun voulait contribuer à effacer la honte de Marengo, et de Hohenlinden, d’Ulm et d’Austerlitz » Eugène Czernin

L'archduc Charled
L’archiduc Charles

J. von Spaun, élève au même collège que Franz Schubert (qui a alors 12 ans) a une seule préoccupation: s’enrôler dans une des milices patriotiques:

« Comme les Français approchaient de Vienne, on organisa un coprs d’étudiants.Interdiction nous fut faite, à nous élèves du Konvikt, de nous y inscrire.Mais quand nous avons entendu….l’appel patritoitue du lieutenant-maréchal Koller….alors nous n’avons plus pu nous retenir de nous enrôler…. Cependant, le troisième jour, parvint un ordre venu de très haut, de l’archiduc Rainer, qui nous faisait un devoir de nous retirer sur le champ….Ainsi s’en fut fini pour nous de jouer aux soldats »

L’archiduc Rainer, qui représente son frère l’empereur François, et qui n’est pas partisan de défendre la ville, écrit à ce dernier:

« Il manque tout ce qui est nécessaire à une place que l’on veut défendre. Si l’on veut défendre la ville, il faut quitter les faubourgs, et cette majeure partie de la ville, avec ses 150000 habitants, serait laissée à l’ennemi… la ville serait dévastée.. ».

Mais François reste ferme: la ville doit être défendue et on doit s’y préparer. Les habitants des faubourgs se réfugient dans la ville. On commence aussitôt à manquer d’argent, les prix montent. L’approvisionnement en nourriture est mal organisé. Les troupes impériales prennent leurs quartiers; la milice bourgeoise et la garde nationale (Landwehr) occupent leurs positions. Bientôt les français pénètrent dans les faubourgs.

 

Vienne investie

Le 8 mai, des chasseurs français sont sur les hauteurs de Schönbrunn et la brigade Conroux atteint le faubourg de Mariahilf le 10 Mai après être passée par Steyr, Amstetten, Melk et Saint-Pölten. Bientôt les Français pénètrent dans les faubourgs.

« La ville de Vienne proprement dite est petite, mais elle est entourée d’immenses faubourgs, cernés d’un simple mur trop faible pour stopper une armée…L’archiduc Maximilien les avait donc abandonnés, retirant toutes ses troupes derrière les fortifications de la ville ». Marbot

Savary se souvient que

« Vienne (était) entourée d’un puissant mur, de construction régulière et moderne, de fossés profonds et d’un chemin couvert, mais sans ouvrage avancé. Il y a un glacis ouvert, et les faubourgs sont construits à la distance requise par les règlements militaires. Ces derniers sont très étendus, et, depuis l’invasion des Turcs (!), entourés de retranchements, couverts d’ouvrages en maçonnerie. L’ensemble constitue une espèce de camp retranché, fermé par de solides portes »

Tascher (qui arrive à Vienne le 28 mai):

 » Un simple chemin environne les immenses faubourgs de cette belle capitale. Ces faubourgs sont au nombre de trente-deux, mais par leur grandeur, leur régularité et la beauté des édifices qu’ils renferment, chacun d’eux peut le disputer à une ville….Je suis arrivé sur ces vastes boulevards qui entourent la Josefstadt et la séparent des faubourgs. Ces boulevards sont très spacieux, et de longues allées, des quinconces bien plantés en font une promenade agréable autour des fortifications qui défendent la ville proprement dite. »

Malgré cela, les Français occupent donc facilement les faubourgs. Toutefois, lorsque, sur la foi de rapports erronés, Lannes s’apprête à entrer dans la ville, il est pris sous le feu des canons des remparts, et doit se retirer dans les faubourgs, où il s’installe.

« Alors le duc de Montebello s’avance sur l’esplanade à la tête de la division. Mais la garnison, ayant fermé les portes, fit du haut des remparts une décharge effroyable, qui heureusement ne tua que très peu de monde. Le duc de Montebello fait sommer la garnison de rendre la ville, et la réponse de l’archiduc Maximilien, est qu’il défendra Vienne jusqu’au dernier soupir » Constant :

Le musicien Girault raconte :

« Le 10 mai, à neuf heures du matin, nous arrivions aux portes de Vienne, ou du moins aux portes des faubourgs, deux fois plus considérables que la ville elle-même. Les faubourgs n’étant pas fortifiés, nous entrâmes sans éprouver de résistance. On nous fit faire musique, à la tête du régiment, pendant la marche, à travers les rues, jusqu’à l’esplanade qui sépare les faubourgs de la ville proprement dite, seule entourée de fortifications. Là, notre musique fût interrompue par les canons des remparts qui nous saluèrent à coups de mitraille. Nous nous empressâmes de nous mettre hors de portée, et pendant que notre régiment bivouaquait dans les rues, nous cherchâmes une auberge où nous pourrions nous restaurer. Nous en trouvâmes une sur la route de Hongrie…. où l’on nous servit de la bière et de la charcuterie »

Napoléon est également arrivé, escorté de la brigade Colbert. Il se rend au palais Kaunitz (ndlr : le palais d’été, qi n’existeplus), où il nomme le général Andréossy préfet gouverneur de Vienne, que les français n’occupent pas encore, et dont l’archiduc Maximilien doit assurer la défense, alors que rien n’a été entrepris pour résister, les quelques canons situés sur les remparts étant dirigés vers les faubourgs !

Le maréchal Berthier fait parvenir à ce dernier une lettre lui demandant la remise des clés de la ville. Maximilien n’a guère de troupes à sa disposition: en plus de la garde nationale, quelques bataillons et quatre escadrons de cavalerie. Les représentants de la ville sont en faveur de la reddition, car ils jugent les défenses de la ville insuffisantes et veulent éviter aux viennois les épreuves d’un siège.

Pourtant,  Maximilien repousse l’offre de Berthier. Il ordonne l’appel de la milice et de tous les hommes en âge de combattre. Les défenses de la ville sont occupées, la population des faubourgs se réfugie dans la ville, les ponts vers Leopoldstadt brûlés (Franzenbrücke et Augartenbrücke) et les portes de la ville fermées.

Le 10 mai à 10 heures, une avant garde française se présente devant la porte de Carinthie. Un escadron de hussards, sortis par la Burgtor, les prends à revers, et les obligent à se replier. Dans l’action, un parlementaire français, à ce moment précis en train de négocier avec Nordmann, est grièvement blessé. C’est le comte de la Grange, depuis 1806 deuxième secrétaire à la légation de France en Autriche. Il se rend à la Hofburg en compagnie du colonel de Saint-Mars, aide de camp de Lannes.

Marbot témoigne:

« Le maréchal (Lannes) decida d’envoyer le colonel Saint Mars pour sommer le gouverneur de se rendre. Il était accompagné de M. de la Grange, qui, ayant été longtemps attaché à l’ambassade de France à Vienne, connaissait très bien cette ville. Normalement, un parlementaire exécute sa mission seul, accompagné d’un seul trompette. Contrairement à cet usage, le colonel Saint-Mars pris avec lui trois plantons, M. de la Grange également, de sorte qu’en tout, avec le trompette, cela formait un groupe de neuf personnes. L’ennemi crût, ou prétendit croire, que ce groupe n’avait pour but que d’inspecter les fortifications, et non d’apporter une sommation. Il envoya un escadron de uhlans, sabre au clair, charger le groupe, dont il blessa grièvement tous les membres et les faisant prisonniers »

Giraud rapporte:

« Un de nos généraux de brigade (?) qui avait été envoyé en parlementaire, faillît être assassiné par la populace. Couvert déjà de blessures, il aurait été infailliblement massacré, si un perruquier et sa femme ne l’avaient fait entrer dans leur maison où un piquet de nos soldats alla l’arracher des mains de ces furieux »

Constant relate également l’évènement, un peu différemment toutefois:

« Sa Majesté chargea le colonel Lagrange d’aller faire une nouvelle sommation à l’archiduc, et le malheureux colonel, à peine entré dans la ville, tomba sous les coups de la populace furieuse. Le général O’Reilly (note: c’est un des défenseurs de Vienne) lui sauva la vie en le faisant enlever par ses troupes; mais l’archiduc Maximilien, pour braver davantage l’Empereur, fit promener en triomphe (sur le cheval de Lagrange !), au milieu de la garde nationale, l’individu qui avait porté le premier coup au parlementaire français »

Quant à Czernin:

« Un officier français de l’état-major, Lagrange, bien connu à Vienne pour avoir fait partie de la suite de l’ambassadeur Andréossy, ne tarda pas à s’approcher avec quelques combattants, de la porte de la Burg. Il fut encerclé par le peuple armé, arraché de son cheval par un ouvrier, et conduit, blessé, dans la ville tandis que le ferblantier, auteur de cette violence, y entra, victorieusement monté sur le cheval dont il avait arraché l’officier ennemi. On prétendit que le trompette qui accompagnait le détachement français, se trouvait en queue, de sorte que l’on ne pouvait savoir qu’il s’agissait d’une manœuvre pacifique. Une excuse est bien vite trouvée. »

Dans l’après midi, le général Kienmayer atteint le pont du Danube à Am Spitz, et envoie 5 bataillons de grenadiers pour compléter la garnison. Il est suivi peu après par les troupes d’Hiller, mais celui-ci reste sur la rive gauche du fleuve. L’optimisme des Viennois est renforcé: il y a maintenant dans et à proximité de la ville près de 45000 hommes pour les défendre.

Vienne bombardée

Le 11 mai dans la matinée, Napoléon reçoit une délégation de personnalités viennoises. L’après-midi, il se rend, avec Masséna, dans le faubourg de Landstrasse, avant de recevoir une nouvelle délégation

Pendant ce temps les généraux Bertrand et Navallet ont fait mettre en place une batterie de 20 obusiers de campagne (32 croit se rappeler Savary) . Installés derrière les écuries impériales à peu près entre l’actuel Messe Palast et la Lerchenfelderstrasse (c’est à dire le Spitelberg, pratiquement au même endroit choisi, en 1683, par le turc Kara Mustafa !), ils visent essentiellement les quartiers de la porte de Carinthie et le Graben.

A 9 heures du soir, les premiers tirs atteignent la ville.

Le bombardement de Vienne
Le bombardement de Vienne

Czernin:

« Le 11, à neuf heures du soir, au moment où j’allais m’attabler pour dîner avec mes cousines, commença le bombardement de la ville qui nous terrifia. Immédiatement après les premiers coups de feu, nous entendîmes le bruit caractéristique de l’éclatement des obus. Aucune fenêtre de notre grande maison ne résista aux secousses. Le tonnerre des canons, l’éclatement des boulets, le bris des vitres et de nombreuses tuiles, produisait un vacarme qui n’agissait pas que sur les nerfs des femmes et des enfants. Mes parents, mes tantes et quelques amis en visite se réfugièrent dans mes chambres, les seules qui fussent voûtées dans notre maison et offrant de ce fait le plus de sécurité apparente. Une maison voisine de la nôtre, celle de notre cousin, le comte Johann Palffy, ne tarda pas à flamber. L’ennemi dirigeait son tir sur les points où des incendies s’étaient déclarés, de sorte que notre paisible Wallnerstrasse en souffrit particulièrement. Plus de trente obus touchèrent notre maison, huit percèrent le toit »

Von Spaun:

« Le 12 mai (il se trompe d’un jour) à 9 heures du soir, commença le bombardement de la ville. C’était un spectacle magnifique (sic) de voir les bouolets incandescents tracer des arcs dans le ciel nocturne tandis que les incendies violents rougissaient le ciel….Soudain, il y eut une détonation dans la maison elle-même:un obus était en effet tombé sur le bâtimwent du Konvikt… ».

Les habitants, quel que soit leur niveau social, cherchent refuge dans les caves. Non loin de là habite Ludwig van Beethoven, et chaque obus peut atteindre son cabinet de travail. Il va se réfugier dans la cave de son frère, Rauhensteingasse, s’enveloppant la tête de coussins, pour se protéger du bruit, qui lui cause d’énormes douleurs.

Ries, l’ami du musicien:

« Lors du court siège de Vienne par les français en 1809, Beethoven eut grand-peur. Il passa la plus grande partie du temps dans une cave chez son frère Kaspar (Karl), en se couvrant en outre la tête de coussins, afin de ne pas entendre les canons »

Des incendies se déclarent, car on a oublié d’évacuer des greniers les matériaux inflammables.

Savary:

« On aurait dit un feu d’artifice: il y avait en permanence 10 à 12 obus dans l’air, et les incendies éclataient instantanément en plusieurs endroits »

Constant:

« Les habitants, avec un vrai sang-froid d’Allemands, venaient sur les glacis observer les effets des feux d’attaque et de défense, et paraissaient beaucoup plus intéressés qu’effrayés de ce spectacle. »

Plus de 1800 obus sont tirés en moins de quatre heures. 31 maisons sont incendiées, 71 endommagées. Les pertes humaines sont faibles: en tout 15 tués et 35 blessés.

Bien que le bombardement ait commencé au plus mauvais moment de la journée, celui de la fermeture des cafés et restaurants, qui a mis beaucoup de Viennois dans les rues, les pertes humaines sont faibles: en tout 20 tués et 100 blessés. Un habitant de Maria Hilfe est tué dans son lit, aux cotés de sa femme, par un boulet…autrichien !

Une légende, tenace (colportée par Constant et Las Cases), veut que, apprenant (par un trompette !) la présence dans la ville de la fille de l’empereur François, Marie-Louise, Napoléon ait fait déplacer les batteries. Marbot fait remarquer avec justesse que, eût-elle été dans Vienne, les généraux chargés de la défense de la ville ne l’aurait certainement pas laissée s’exposer ainsi.

Girault s’en rappelle:

« Une batterie d’obusiers avait été établie dans le Prater, et les obus lancés sur la ville avaient incendié les principaux édifices (?) ».

Joseph von Hormayr est plus précis

« 14 combles incendiés et 17 victimes de leur curiosité »

Du coté des faubourgs, sur lesquels les défenseurs vont tirer près de 600 obus, des bâtiments sont également endommagés.

Dans le même temps, les voltigeurs de Masséna passent, sur un pont de bateaux (ils sont nombreux sur ce bras, réservé à la navigation commerciale), un bras du Danube à hauteur de Simmering.

Czernin:

« Les voltigeurs de Masséna venant du Semmering passèrent aussitôt le petit bras du Danube, s’emparèrent sans rencontrer de résistance, du pavillon de plaisance du Prater, menaçant ainsi la liaison avec la rive gauche du Danube. On ne s’aperçut du danger que trop tard. Les Français étaient maîtres du passage dès huit heures du soir »

La division Boudet s’installe près de la Lusthaus, après de vives escarmouches, et repousse les Autrichiens hors du Prater.

La Lusthaus en 1809
La Lusthaus en 1809

Girault continue:

« Notre division fut chargée d’aller occuper la célèbre promenade appelée le Prater. Mais il fallait passer le bras du Danube qui sépare cette promenade du faubourg……Après avoir balayé avec quelques coups de canon les postes qui se trouvaient en face de nous…..on se mit en devoir de fabriquer un pont…..Bientôt, toute notre division franchit le Danube et alla camper dans le Prater et le faubourg de Leopolstadt »

Les troupes d’Hiller, qui se trouvent à hauteur du pont de Tabor, où elles attendent l’arrivée de l’archiduc Charles, sont étroitement surveillées. Napoléon installe son quartier général dans la Lusthaus. L’archiduc Maximilien s’aperçoit trop tard de la faiblesse de sa position à cet endroi. Il envoie néanmoins, dans la nuit, deux bataillons attaquer les français. Ceux-ci ont eu le temps de faire passer de l’artillerie, et les autrichiens sont repoussés avec de lourdes pertes.

A ce moment, les divisions Boudet et Saint-Cyr sont déjà installées dans les faubourgs de Wieden et de Landstrasse, avec des avant-postes entre Simmering et Wiener Berg. Les cavaliers de Marulaz sont à Schwechat.

L’archiduc Maximilien, dans l’impossibilité de communiquer soit avec l’empereur François, soit avec l’archiduc Charles, se rend compte que s’il laisse le bombardement de la ville continuer, des pertes irréparables seront infligées à ses richesses historiques. Au matin du 12, il transmet le commandement au maréchal O’Reilly, et quitte la ville, par Tabor et Florisdorf, non sans donner l’ordre de faire brûler le pont de Spitz, après le passage des dernière troupes de Nordmann, qu’il emmène avec lui.

La reddition

Le 13 mai, à deux heures et demi du matin, Vienne capitule. Deux heures plus tard, les troupes françaises pénètrent, en ordre de parade, dans la ville. 15 000 défenseurs sont faits prisonniers.

Entre temps, des troupes françaises ont pénétré jusque dans Leopolstadt, mettant la main sur 500000 Gulden en pièces, quatre millions en billets et 5 millions en or et argent.

Larrey:

« Quelques dispositions de siège et quelques heures de bombardement suffirent pour déterminer les troupes assiégées et les Viennois à proposer la capitulation: elle fut acceptée, et dès le lendemain on pris possession de la ville. »

Chlapowski:

« Les remparts étaient couverts non de la foule, mais d’un grand nombre de Viennois très bien vêtus. L’Empereur, toujours à cheval, s’avança jusqu’au glacis; un fossé de 10 toises le séparait seul des Viennois. Ceux-ci reconnurent l’Empereur pour l’avoir déjà vu à Vienne en 1805, ôtèrent leurs chapeaux, ce que je trouvai assez naturel et commencèrent à l’acclamer en poussant des « vivats ! », ce qui me parut moins digne et tout à fait déplacé. Je ne puis m’expliquer cette action que par l’indifférence habituelle aux habitants d’une grande ville, et surtout par le charme qu’un homme comme l’empereur exerçait sur tout le monde ».

Opinion quelque peu contredite par Joseph Carl Rosenbaum, qui note dans son Journal:

« Le peuple ne les accueillit pas, comme jadis (c’est-à-dire en 1805), à bras ouverts. Ils avancaient dans des rues vidées de leurs habitants, le long de maisons aux portes fermées, eux-mêmes sombres et maussades devant la résistance et l’aversion qu’ils rencontraient ».

Quant à Grillparzer:

« Je ressentais tout ceci, sauf la peur. Pourtant, lorsque mon voisin, un jeune homme des plus silencieux et calme, réclama avec véhémence d’aller au-delà des murs de la ville à la rencontre des ennemis, je fis remarquer non sans circonspection, quelle stupidité ce serait d’envoyer des troupes sans entraînement, comme nous, à la rencontre d’une armée aguerrie. La nouvelle de la reddition de la ville nous remplit d’indignation. J’exprimai la mienne par une sortie contre nos concitoyens, pour qui leurs toîts avaient plus de prix que l’honneur, qui fût aussitôt reprise par notre commandant, un jeune et bel officier de cavalerie, le bras en écharpe et répétée à toute la compagnie. Mais en fait, nous étions tous contents de retourner à la maison, d’autant plus que depuis 16 ou 18 heures, nous n’avions rien mangé »

Entrée de Napoléon à Schönbrunn
Entrée de Napoléon à Schönbrunn

Dès le 10 au soir, Napoléon s’était installé à Schönbrunn, dans les appartements qu’il occupait en 1805.

Boulart:

« Schönbrunn est à une lieue de Vienne….. l’empereur Napoléon s’y était établi dans le château impérial et son quartier général, ainsi que les troupes de sa Garde, étaient logés chez les habitants ou bivouaquaient non loin du château. »

Constant:

« L’Empereur ne séjourna point à Vienne; il établit son quartier général au château de Schönbrunn, résidence impériale située à une demi-heure environ de la ville. On arrangea le terrain en avant du château pour le campement de la garde »

C’est là qu’il reçoit une délégation de la ville à Schönbrunn.

Le maire de Vienne Wohlleben. Artiste inconnu
Le maire de Vienne Wohlleben. Artiste inconnu

Czernin:

« Vers huit heures du matin, une députation s’était dirigée vers Schönbrunn, afin d’ouvrir au vainqueur qui y résidait, les portes de la ville impériale. Le vieux prince-archevêque Hohenwart se tenait à la tête des envoyés ; à ses côtés se trouvaient les prélats de Klosterneuburg et des Schotten, le gros maréchal du Palais, le comte Dietrichstein, et parmi les délégués permanents de la Basse-Autriche, le vieux comte Veterani, les seigneurs de Bartenstein, Haan et Mayenburg, le commandant de la ville baron Lederer, le maire Wohlleben et plusieurs magistrats, nains effarouchés rampant vers le puissant géant. »

Le gouverneur Andréossy préfère la Hofburg au palais Kaunitz, Lannes installe son quartier général dans le palais du prince Albert de Saxe-Teschen, , près de la porte de Carinthie (lui même loge dans une maison privée à Schönbrunn), tandis que le général Lasalle élit domicile au palais Rasumovski.

La palais de l'Albertina
La palais de l’Albertina

Beethoven déménage à Heiligenstadt, où la division Saint-Sulpice bivouaque.

Quant à Girault:

« On nous logea dans un des faubourgs où nous étions tout un corps d’armée. Nous étions tous les uns sur les autres. Dans une seule habitation, nous étions une compagnie, les sapeurs et la musique, c’est à dire environ 130 hommes. Et les habitants étaient obligés de pourvoir à nos besoins, de nous fournir à boire et à manger, et cela dura pendant cinq jours ».

Le 14 mai, l’archiduc Charles, général en chef de l’armée autrichienne, venant de Bohème, était arrivé à Stockerau, où il avait appris la capitulation de Vienne. Le 16, il installe son quartier général à Ebersdorf, sur la route de Brunn.

Trois jours durant, à Schönbrunn et sur la Schmelz, Napoléon fait parader ses troupes. Et lorsqu’il inspecte les fortifications, il est rapidement acclamé par la foule….

Général Chlabowsky:

« Je ne pu me l’expliquer que par l’indifférence qui caractérise les habitants des grandes villes, et particulièrement les Viennois, ou par la magie que l’Empereur exerçait sur tous les individus.« 


On trouvera une description détaillée des lieux relatifs à Essling en parcourant les promenades impériales