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1812 – Vingt-Septième Bulletin de la Grande Armée

Vereia, 27 octobre 1812

Le 22, le prince Poniatowski se porta sur Vereia. Le 23, l’armée allait suivre ce mouvement, lorsque, dans l’après-midi, on apprit que l’ennemi avait quitté son camp retranché, et se portait sur la petite ville de Malojaroslavetz. On jugea nécessaire de marcher à lui pour l’en chasser.

Eugène de Beauharnais
Eugène de Beauharnais

Le vice-roi reçut l’ordre de s’y porter. La division Delzons arriva le 23, à six heures du soir, sur la rive gauche, s’empara du pont, et le fit rétablir.

Dans la nuit du 23 au 24, deux divisions russes arrivèrent dans la ville et s’emparèrent des hauteurs sur la rive droite, qui sont extrêmement favorables.

Le 24, à la pointe du jour, le combat s’engagea. Pendant ce temps, l’armée ennemie parut tout entière, et vint prendre position derrière la ville : les divisions Delzons, Broussier et Pino, et la garde italienne furent successivement engagées. Ce combat fait le plus grand honneur au vice-roi et au quatrième corps d’armée. L’ennemi engagea les deux tiers de son armée pour soutenir la position ; ce fut en vain : la ville fut enlevée, ainsi que les hauteurs. La retraite de l’ennemi fut si précipitée, qu’il fut obligé de jeter vingt pièces de canon dans la rivière.

Vers le soir, le maréchal prince d’Eckmühl déboucha avec son corps ; et toute l’armée se trouva en bataille avec son artillerie, le 25, sur la position que l’ennemi occupait la veille.

L’empereur porta son quartier-général le 24 au village de Ghorodnia. A sept heures du matin, six mille cosaques, qui s’étaient glissés dans les bois, firent un houra général sur les derrières de la position, et enlevèrent six pièces de canon qui étaient parquées.

Le maréchal Bessières - Raffet - Marco Saint-Hilaire
Le maréchal Bessières, duc d’Istrie- Raffet – Marco Saint-Hilaire

Le duc d’Istrie se porta au galop avec toute la garde à cheval : cette horde fut sabrée, ramenée et jetée dans la rivière ; on lui reprit l’artillerie qu’elle avait prise, et plusieurs voitures qui lui appartenaient ; six cents de ces cosaques ont été tués, blessés ou pris ; trente hommes de la garde ont été blessés, et trois tués. Le général de division comte Rapp a eu un cheval tué sous lui : l’intrépidité dont ce général a donné tant de preuves, se montre dans toutes les occasions. Au commencement de la charge, les officiers de cosaques appelaient la garde, qu’ils reconnaissaient, muscadins de Paris. Le major des dragons Letort s’était fait remarquer. À huit heures, l’ordre était rétabli.

L’empereur se porta à Malojaroslavetz, reconnut la position de l’ennemi, et ordonna l’attaque pour le lendemain ; mais dans la nuit l’ennemi a battu en retraite. Le prince d’Eckmühl l’a poursuivi pendant six lieues ; l’empereur alors l’a laissé aller, et a ordonné le mouvement sur Vereia.

Le 26, le quartier-général était à Borovsk, et le 25 à Vereia. Le prince d’Eckmühl est ce soir à Borovsk ; le maréchal duc d’Elchingen à Mojaïsk.

Le temps est superbe, les chemins sont beaux : c’est le reste de l’automne : ce temps durera encore huit jours, et à cette époque nous serons rendus dans nos nouvelles positions.

Dans le combat de Malojaroslavetz, la garde italienne s’est distinguée ; elle a pris la position et s’y est maintenue. Le général baron Delzons, officier distingué, a été tué de trois balles[1]. Notre perte est de quinze cents hommes tués ou blessés[2] ; celle des ennemis est de six à sept mille. On a trouvé sur le champ de bataille dix-sept cents Russes, parmi lesquels onze cents recrues habillées de vestes grises, ayant à peine deux mois de service.

L’ancienne infanterie russe est détruite ; l’armée russe n’a quelque consistance que par les nombreux renforts de cosaques récemment arrivés du Don.

Des gens instruits assurent qu’il n’y a dans l’infanterie russe que le premier rang composé de soldats, et que les deuxième et troisième rangs sont remplis par des recrues et des milices, que, malgré la parole qu’on leur avait donnée, on y a incorporées. Les Russes ont eu trois généraux tués. Le général comte Pino a été légèrement blessé.

Le général Pino
Le général comte Pino

 

[1] Le général italien de brigade Levie trouve également la mort.

[2] En réalité 6.000 hommes tués, blessés ou disparus. Les Russes de leur côté perdent environ 8.000 tués, blessés ou disparus.