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1806 – Trente-Sixième Bulletin de la Grande Armée

Posen, 1er décembre 1806

Le quartier général du grand-duc de Berg était, le 27, à Lowiez.

Le général Bennigsen, commandant l’armée russe, espérant empêcher les Français d’entrer à Varsovie, avait envoyé une avant-garde border la rivière de Bzura. Les avant-postes se rencontrèrent dans la journée du 26; les Russes furent culbutés. Le général Beaumont passa la Bzura à Lowicz, rétablit le pont, tua ou blessa plusieurs hussards russes, fit prisonniers plusieurs cosaques, et les poursuivit jusqu’à Blonie.

Le 27, quelques coups de sabre furent donnés entre les grand’gardes de cavalerie. Les Russes furent poursuivis; on leur fit quelques prisonniers.

Le 28, à la nuit tombante, le grand-duc de Berg, avec sa cavalerie, entra à Varsovie. Le corps du maréchal Davout y est entré le 29. Les Russes avaient repassé la Vistule, en brûlant le pont.

Joachim Murat, grand-Duc de Berg en 1806
Joachim Murat, grand-Duc de Berg en 1806

Il est difficile de peindre l’enthousiasme des Polonais. Notre entrée dans cette grande ville était un triomphe, et les sentiments que les Polonais de toutes les classes montrent depuis notre arrivée ne sauraient s’exprimer. L’amour de la patrie et le sentiment national est non-seulement conservé en entier dans le cœur du peuple, mais il a été retrempé par le malheur. Sa première passion, son premier désir est de redevenir nation. Les plus riches sortent de leurs châteaux pour venir demander à grands cris le rétablissement de la nation, et offrir leurs enfants, leur fortune, leur influence. Ce spectacle est vraiment touchant. Déjà ils ont partout repris leur ancien costume, leurs anciennes habitudes.

Le trône de Pologne se rétablira-t-il, et cette grande nation reprendra-t-elle son existence et son indépendance ? Du fond du tombeau renaîtra-t-elle à la vie? Dieu seul, qui tient dans ses mains les combinaisons de tous les événements, est l’arbitre de ce grand problème politique.

Mais, certes, il n’y eut jamais d’événement plus mémorable, plus digne d’intérêt. Et, par une correspondance de sentiments qui fait l’éloge des Français, des traînards, qui avaient commis quelques excès dans d’autres pays, ont été touchés du bon accueil du peuple, et n’ont eu besoin d’aucun effort pour se bien comporter.

Nos soldats trouvent que les solitudes de la Pologne contrastent avec les campagnes riantes de leur patrie; mais ils ajoutent aussitôt : Ce sont de bonnes gens que les Polonais. Ce peuple se montre vraiment sous des couleurs intéressantes.