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1806 – Quarante-Septième Bulletin de la Grande Armée

Pultusk, 30 décembre 1806

Le combat de Czarnowo, celui de Nasielsk, celui de Kolozomb, le combat de cavalerie de Lopaczin, ont été suivis par les combats de Golymin et de Pultusk; et la retraite entière et précipitée des armées russes a terminé l’année et la campagne.

COMBAT DE PULTUSK

Jean Lannes. D'après Belliard Leipzig 1932
Jean Lannes. D’après Belliard Leipzig 1932

Le maréchal Lannes ne put arriver vis-à-vis Pultusk que le 26 au matin. Tout le corps de Bennigsen s’y était réuni dans la nuit. Les divisions russes qui avaient été battues à Nasielsk, poursuivies par la 3e division du corps du maréchal Davout, entrèrent dans le camp de Pultusk à deux heures après minuit. A dix heures, le maréchal Lannes attaqua, ayant la division Suchet en première ligne, la division Gazan en seconde ligne, la division Gudin, du 3e corps d’armée, commandée par le général Daultanne, sur sa gauche. Le combat devint vif. Après différents événements, l’ennemi fut culbuté. Le 17e régiment d’infanterie légère et le 34e se couvrirent de gloire. Les généraux Vedel et Claparède ont été blessés. Le général Trelliard, commandant la cavalerie légère du corps d’armée, le général Bonsart, commandant une brigade de la division de dragons Beker, le colonel Barthelemy, du 15e régiment de dragons, ont été blessés par la mitraille. L’aide de camp Voisin, du maréchal Lannes, et l’aide de camp Curial, du général Suchet, ont été tués l’un et l’autre avec gloire. Le maréchal Lannes a été touché d’une balle. Le 5e corps l’armée a montré, dans cette circonstance, ce que peuvent des braves, et l’immense supériorité de l’infanterie française sur celle des autres nations. Le maréchal Lannes, quoique malade depuis dix jours, avait voulu suivre son corps d’armée. Le 85e régiment a soutenu plusieurs charges de cavalerie ennemie avec sang-froid et succès. L’ennemi, dans la nuit, a battu en retraite et a gagné Ostrolenka.

COMBAT DE GOLYMIN

Pendant que le corps de Bennigsen était à Pultusk et y était battu, celui de Buxhoevden se réunissait à Golymin, à midi. La division Panin, de ce corps, qui avait été attaquée la veille par le grand-duc de Berg, une autre division qui avait été battue à Nasielsk, arrivaient or différents chemins au camp de Golymin.

Le maréchal Louis Nicolas Davout, prince d'Eckmüh
Le maréchal Louis Nicolas Davout,

Le maréchal Davout, qui poursuivait l’ennemi depuis Nasielsk, l’atteignit, le chargea, et lui enleva un bois près du camp de Golymin.

Dans le même temps, le maréchal Augereau, arrivant de Golaczyzna, prenait l’ennemi en flanc. Le général de brigade Lapisse, avec le 16e d’infanterie légère, enlevait à la baïonnette un village qui servait de point d’appui à l’ennemi. La division Heudelet se déployait et marchait à lui. A trois heures après midi, le feu était des plus chauds. Le grand-duc de Berg fit exécuter avec le plus grand succès plusieurs barges, dans lesquelles la division de dragons Klein se distingua. Cependant, la nuit arrivant trop tôt, le combat continua jusqu’à onze heures du soir. L’ennemi fit sa retraite en désordre, laissant son artillerie, ses bagages, presque tous ses sacs, et beaucoup de morts. Toutes les colonnes ennemies se retirèrent sur Ostrolenka.

Le général Fénerolz, commandant une brigade de dragons, fut tué d’un boulet. L’intrépide général Rapp, aide de camp de l’Empereur, a été blessé d’un coup de fusil à la tête de sa division de dragons. Le colonel Sémélé, du brave 24e de ligne, a été blessé. Le maréchal Augereau a eu un cheval tué sous lui.

Cependant le maréchal Soult, avec son corps d’armée, était déjà ,arrivé à Mosaki, à deux lieues de Makow; mais les horribles boues, suite des pluies et du dégel, arrêtèrent sa marche et sauvèrent l’armée russe, dont pas un seul homme n’eût échappé sans cet accident.

Les destins de l’armée de Bennigsen et de celle de Buxhoevden devaient se terminer en deçà de la petite rivière d’Orzyca; mais tous les mouvements ont été contrariés par l’effet du dégel, au point que l’artillerie a mis jusqu’à deux jours pour faire trois lieues. Toutefois l’armée russe a perdu 80 pièces de canon, tous ses caissons, plus de 1,200 voitures de bagages, et 12,000 hommes tués, blessés ou faits prisonniers. Les mouvements des colonnes françaises et russes seront un objet de vive curiosité pour les militaires, lorsqu’ils seront tracés sur la carte; on y verra à combien peu il a tenu que toute cette armée ne fût prise et anéantie en peu de jours, et cela par l’effet d’une seule faute du général russe.

Nous avons perdu 800 hommes tués, et nous avons eu 2, 000 blessés. Maître d’une grande partie de l’artillerie ennemie, de toutes les positions ennemies, ayant repoussé l’ennemi à plus de quarante lieues, l’Empereur a mis son armée en quartiers d’hiver.

Avant cette expédition, les officiers russes disaient qu’ils avaient 150,000 hommes; aujourd’hui ils prétendent n’en avoir eu que la moitié. Qui croire, des officiers russes avant la bataille, ou des officiers russes après la bataille ?

La Perse et la Porte ont déclaré la guerre à la Russie. Michelson attaque la Porte. Ces deux grands empires, voisins de la Russie, sont tourmentés par la politique fallacieuse du cabinet de Saint-Pétersbourg, qui agit depuis dix ans chez eux comme elle a fait pendant cinquante ans en Pologne.

M. Philippe de Ségur, maréchal des logis de la Maison de l’Empereur, se rendant à Nasielsk, est tombé dans une embuscade de Cosaques, qui s’étaient placés dans une maison du bois qui se trouve derrière Nasielsk. Il en a tué deux de sa main, mais il a été fait prisonnier. L’Empereur l’a fait réclamer, mais le général russe l’avait sur-le-champ dirigé sur Saint-Pétersbourg.